Les Femen font encore parler d’elles, mais au Maroc cette fois-ci. En effet, le mouvement mondialement connu a réussi un coup de maître en organisant une opération seins nus sur l’esplanade de la Tour Hassan. Une sortie qui va certainement faire du buzz, dans un contexte d’interdiction du film «Much loved» de Nabil Atouch et de polémiques autour des scènes de déhanchements de la bomba latina Jennifer Lopez. D’autant plus que la sortie des Femen a pris de court les forces de l’ordre dans un site d’une extrême symbolique, à la fois historique, patrimoniale et touristique. Les deux femmes sont venues sur l’esplanade de la Tour Hassan, se sont déshabillées, se sont fait filmer et photographier avant de se rhabiller et disparaître dans la nature. Les deux femmes ont été interpellées en fin de journée à l’aéroport de Rabat.
Sur leur poitrine, on pouvait lire «In gay we trust» (Nous croyons aux homosexuels). Une déformation du fameux slogan inscrit sur les billets du dollar: «In God we trust». Les militantes ont motivé leur action par la volonté de «célébrer les droits des LGBT et de dénoncer l’injustice faite à la communauté homosexuelle au Maroc». L’objectif de ce mouvement mondialement connu est de faire un buzz international, via l’organisation d’opérations coup de point. Pour la sortie de Rabat, il était question de défendre les droits des femmes et des homosexuels. Cette action a été menée par Marguerite Stern, la célèbre militante du mouvement Femen. Dans ce même contexte, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement est très attendu pour clarifier les positions de l’exécutif. D’autant plus que les dirigeants du PJD réclament la démission des dirigeants de 2M au lendemain de la diffusion du concert intégral de Jennifer Lopez. En effet, Mustapha El Khalfi, qui a fait une déclaration sur les réseaux sociaux, a considéré la diffusion du concert comme un acte inadmissible. Le ministre de la Communication a décidé de saisir la Haca, via le chef du gouvernement. Pour lui, cette émission est considérée comme une violation de plusieurs articles des cahiers des charges publiés au Bulletin officiel en 2012. Cette question est si importante que le secrétariat général du PJD a tenu lundi soir une réunion extraordinaire, présidée par Abdelilah Benkirane. Certes, la rencontre au sommet était consacrée au député Abdelaziz Aftati qui a d’ailleurs été suspendu de toutes ses activités partisanes, mais aussi à la diffusion du concert de la star internationale.
L’état-major du PJD a critiqué «la diffusion en direct d’un concert marqué par des scènes portant atteinte aux mœurs» et s’est dit choqué par la tenue légère de Jennifer Lopez et son groupe de danseurs. Les dirigeants du PJD considèrent le spectacle comme «une atteinte à la pudeur et à la morale publique». Ils s’en sont pris directement à la chaîne 2M, pointant «un acte prémédité». Du coup, ils appellent à ce que les dirigeants de la chaîne «assument leurs responsabilités». Et ils veulent aller jusqu’au bout dans leur démarche, dans la mesure où ils «ont exigé la démission d’El Khalfi si les responsables des chaînes publiques ne sont pas sanctionnés». Dans les coulisses du PJD, l’on se veut intraitable: «Si des ministres ont démissionné suite à des scandales, cela doit être également le cas de dirigeants des chaînes publiques».
L’échiquier politique s’enflamme
Le PJD a toujours été contre le festival de Mawazine et ses prises de position officielles alors qu’il était dans l’opposition ne trompent personne. En tout cas, cette affaire a enflammé l’échiquier politique. Certains députés comme Khalid Rahmouni, membre du secrétariat général du parti, a exigé purement et simplement la démission de Mustapha El Khalfi, qui assure la tutelle sur l’audiovisuel. D’autres, via les réseaux sociaux, ont manifesté leur mécontentement et décidé de le convoquer devant une commission parlementaire, en compagnie des patrons des chaînes publiques. En attendant, le ministre de la Communication avait accepté de répondre hier aux questions orales urgentes du PJD et de l’Istiqlal. Mais, visiblement, des pressions ont conduit à la déprogrammation de ces questions à la dernière minute.
Mohamed CHAOUI
Via: leconomiste.com
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