Il y a un peu plus d'un an, la jeune femme de 31 ans était montée seins nus sur l'autel de l'église de la Madeleine à Paris pour protester contre la prise de position de l'Eglise sur l'avortement, notamment en Espagne où se droit allait être réduit. Son geste a été condamné hier par la justice.
Cachez ce sein que l'on ne saurait voir. Hier, la justice a tranché, condamnant l'ex-Femen Eloïse Bouton à une peine d'1 mois de prison avec sursis et 1500€ d'amende pour "exhibition sexuelle" pour des faits remontant au 20 décembre 2013. Ce jour-là, la jeune femme de 31 ans était entrée dans l'église de la Madeleine à Paris avant de monter sur l'autel topless, face au membre d'une chorale en train de répéter. Sur son dos était inscrit le message "Christmas is cancelled" (Noël est annulé) et on pouvait lire sur son ventre "344e salope", en référence au manifeste des 343 salopes, ces femmes qui avaient, en 1971, pris position pour le droit à l'avortement en France. Elle avait ensuite brandi des morceaux de foie de veau sanguinolents censés représenter le foetus avorté de Jésus.
Suivant la position pro-IVG et défendant les droits des femmes du mouvement, Eloïse Bouton avait voulu dénoncé les récents rétropédalages de l'Espagne concernant l'avortement et le soutien de l'Eglise.
Lors de sa précédente audience le 15 octobre, le parquet avait requis trois à quatre mois de prison avec sursis mais la peine a finalement été réduite à un mois. La jeune femme devra également verser 2000€ de dommages et intérêts au curé de la Madeleine. A peine sortie du tribunal, Eloïse Bouton a fait savoir qu'elle ferait appel de cette décision. "Femen n'a jamais été condamné dans aucun autre pays pour exhibition sexuelle, même en Tunisie, même en Turquie, même en Ukraine", s'est-elle emportée auprès des médias, ajoutant qu'un tel jugement était "grave pour la liberté d'expression". Elle avait toujours affirmé que sa nudité était "politique" et avait pour volonté de provoquer une prise de conscience et non pas de choquer. Il y a un mois, une autre membre du groupe avait été reconnue coupable de la même accusation, devenant la première condamnée pour "exhibition sexuelle".
Bien qu'elle ne fasse plus partie du mouvement, Eloïse Bouton a reçu le soutien du mouvement Femen. Le collectif a notamment adressé une lettre à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, pour la défendre. "A travers nos actions torse peint, nous entendons dénoncer l'hyper sexualisation du corps de la femme, a écrit Inna Schevchenko. Celui-là même qui est affiché de manière outrancière et réduit à un objet de consommation, souvent sans visage, dans l'espace public. Femen se saisit de ce corps et le propose comme acteur et sujet politique de notre société soi-disant moderne où les valeurs conservatrices et traditionalistes refont perpétuellement surface. Femen s'insurge contre la vision patriarcale qui colle aux corps des femmes. Femen peint des messages politiques sur ses seins pour protester contre cette représentation pervertie de nos corps. Nous reprenons possession de nos corps et nous les confrontons aux mœurs qui se doivent d'être bousculées pour obtenir l'égalité.Alors, nous nous adressons à vous, madame la ministre, à vous qui devez quotidiennement faire face à la misogynie puritaine et stagnante qui gangrène notre société et vous demandons: sommes-nous, par ces actes, des exhibitionnistes ? Des personnes coupables d'une pulsion sexuelle pathologique, d'une action annihilante et purement individualiste ?"
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