Leurs poitrines dénudées barrées de slogans féministes font désormais partie du décor militant européen. Leur première action dans le monde arabe, mercredi, a tourné court : les trois Femen, deux Françaises et une Allemande, ont été interpellées brutalement à Tunis, où elles réclamaient la libération d'une militante tunisienne, Amina, et dénonçaient la condition de la femme dans le pays.
Poussées hors d'Ukraine en 2012 après quatre ans de coups d'éclats médiatisés, les Femen ont installé leur « premier centre international d'entraînement pour les féministes » à Paris en septembre. Avec pour objectif de transformer les militantes « en soldats », promettait alors l'égérie ukrainienne Inna Chevtchenko. Après quelques actions pas toujours bien comprises en France, voilà l'armée d'amazones lancée en terre musulmane.
Face à une foule de journalistes réunis devant le palais de Justice, les trois Femen européennes ont tombé leur soutien-gorge en soutien à la militante tunisienne emprisonnée dans l'attente de son procès jeudi à Kairouan (centre). La jeune fille avait choqué le pays en mars en publiant des photos d'elle seins nus. Arrêtée puis relâchée, elle avait récemment fait une apparition publique où elle se désolidarisait des Femens. Connue sous le pseudonyme d'Amina Tyler, elle a été arrêtée le 19 mai après qu'elle eut peint sur un muret proche d'un cimetière le mot Femen. Elle risque six mois de prison pour possession d'un spray d'auto-défense.
Détenues par la brigade des mœurs
Devant les bustes vindicatifs accrochés aux grilles tribunal, assaillis par les policiers, des passants et des avocats ont violemment agressé des journalistes, leur reprochant de se faire l'écho de l'action des Femen. Six journalistes français et tunisiens ont été interpellés et retenus environ deux heures.
Détenues par la brigade des mœurs, les trois militantes européennes « seront placées en état d'arrestation et traduites en justice », a déclaré le porte-parole du ministère de la Justice, Adel Riahi, sans préciser les accusations. En Tunisie, l'attentat à la pudeur est passible de six mois de prison.
« Ces pays (arabo-musulmans) et ces régimes totalitaires s'en prennent aux femmes. On ne fait pas attention à ce genre de choses (le risque d'emprisonnement) », a réagi Inna Chevtchenko. Elle-même est menacée de prison en Ukraine pour avoir découpé à la tronçonneuse une croix orthodoxe en soutien aux Pussy Riot.
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