Femen : la bordelaise Pauline Hillier s’explique sur son groupe …

Accusées d'avoir commis, seins nus, des dégradations sur les cloches de Notre-Dame en février 2013, neuf activistes des Femen devraient être jugées demain à Paris (1). Parmi elles, Pauline Hillier, qui participa alors à la première manifestation du mouvement dans une église. Après avoir du jour au lendemain quitté Bordeaux pour s'installer dans le QG parisien des Femen, cette jeune femme de 26 ans - ancienne militante socialiste - est aujourd'hui l'une des deux lieutenantes de l'Ukrainienne à la tête de cette organisation féministe.

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Au printemps dernier, lors d'un précédent procès en Tunisie, vous aviez formulé quelques excuses. Ferez-vous de même à Paris ?

Après un mois passé en prison, nos excuses devant les juges tunisiens n'étaient absolument pas sincères, ne comptez donc pas sur nous pour regretter l'opération de Notre-Dame. Parlons plutôt des trois vigiles qui seront, eux aussi, dans le box pour nous avoir donné des coups de poing, cassé une dent et tiré à pleine main sur nos seins. Nous, nous sommes seulement accusées d'avoir tapé avec des bouts de bois sur des cloches de plusieurs tonnes…

Comprenez-vous malgré tout que des catholiques, pas forcément pratiquants, ou même des laïcs ont pu être blessés par ce coup de force dénudé ?

Qu'ils soient choqués était notre objectif. Mais après deux millénaires de violences faites aux femmes par l'Église, rien ne justifie en retour une telle vendetta contre nous. Précisons d'ailleurs que nous avions pris soin de ne pas interrompre une messe, et que les rares visiteurs alors présents étaient des Chinois en train de manger des glaces.

À votre manière, vous saluiez ce jour-là la démission de Benoît XVI. Le pape François va-t-il adoucir vos mœurs ?

Cette date était également celle du vote pour le mariage gay. Puisque l'Église s'est invitée dans la rue autant que dans le débat politique, il était légitime de lui rendre la monnaie de sa pièce en fêtant cette heureuse coïncidence. Le pape François, aussi moderne qu'il prétend être sur la question homo, n'est pas moins rétrograde et machiste que le précédent. Le fait qu'il se soit réjoui d'une manifestation anti-avortement aux États-Unis à la veille de recevoir François Hollande a été vécu comme un coup de poignard dans le dos par les Femen.

Tant que les religions ne se substituent pas à l'ordre moral, à l'éducation ou à la politique, nous ne les rejetons pourtant pas.

Ce procès ne va-t-il pas vous contraindre à faire des lieux de culte un sanctuaire ?

Nous n'avons pas l'intention de nous calmer, bien au contraire. Après cinq années de lutte en Ukraine et bientôt deux en France, le manque de résultats nous a convaincues de passer la vitesse supérieure. Des méthodes plus agressives vont être employées.

Jusqu'à recourir à la violence physique ?

Non. Si du sang doit couler, alors ce sera uniquement le nôtre. Nous ne porterons jamais atteinte à l'intégrité physique des personnes, mais il faut se préparer à des opérations commandos encore plus musclées.

Depuis quelques jours, sous couvert d'anonymat, une ancienne Femen décrit le mouvement comme une « organisation dictatoriale »…

Mais je ne vais pas nier ses propos, elle a entièrement raison… On ne vient pas aux Femen comme l'on va à son cours de yoga. L'objectif n'est pas de se réunir pour boire du thé et se raconter nos vies entre copines. Nous sommes les combattantes d'une petite armée qui, pour être efficace, doit avoir une organisation hiérarchique et militaire. Ce qui fait que nous sommes souvent dures les unes par rapport aux autres. Au QG, la vie est frugale, il y a parfois des pleurs, mais tout le monde est libre de ses mouvements, donc de s'en aller.

À l'écouter, victime des brimades internes, le mouvement Femen ne compterait plus d'ailleurs qu'une petite vingtaine de militantes ?

Samedi dernier, nous étions 17 à la séance d'entraînement hebdomadaire, c'est à peu près le noyau dur des activistes. Une vingtaine d'autres femmes complètent le réseau des militantes, et nous comptons 80 adhérents supplémentaires. Par ailleurs, le mouvement se développe en Allemagne, en Espagne et au Canada.

Le député Georges Fenech - ancien président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires - réclame votre interdiction. Craignez-vous cette menace ?

Cela nous amuse beaucoup que ce monsieur s'inquiète de nos carences alimentaires autant qu'il redoute un attentat kamikaze de la secte satanique que nous sommes. On nage en plein délire. Car s'il est en effet très dur d'entrer dans le carré dirigeant des Femen, c'est à l'inverse très facile d'en sortir. Pour le reste, moi qui vis 24 heures sur 24 au QG des Femen, je peux vous garantir que jamais l'organisation n'a eu accès à mes comptes, pas plus qu'elle ne m'a demandé un seul euro.

Si la classe politique - de droite comme de gauche - a condamné l'opération de Notre-Dame, d'autres féministes considèrent elles aussi que la forme de votre action en dessert le fond…

Les médias en rêvent, mais il n'y a aucune guéguerre entre nous. Si de rares voix se sont effectivement élevées, les féministes historiques sont celles qui nous soutiennent le plus. Les anciennes du MLF ou du Planning familial nous considèrent comme leurs filles et se souviennent qu'elles aussi avaient des méthodes d'action particulièrement virulentes dans les années 60.

Au-delà du lobby féministe, les Françaises ne semblent en revanche guère sensibles à vos méthodes. Le message est-il brouillé ?

Notre fonds de commerce est de choquer pour provoquer le débat, alors je comprends que la ménagère ne cautionne pas toujours nos actions. Je veux juste qu'elle s'intéresse aux sujets que nous pointons ainsi du doigt. Les Femen sont là pour se déshabiller à sa place, en première ligne également pour prendre les coups de l'extrême droite, des salafistes ou des dictateurs de l'Est.

Mais pas ceux de Vladimir Poutine : pourquoi ne pas avoir profité des JO de Sotchi pour mener une action ?

C'était financièrement très compliqué, et nous avons rencontré beaucoup de difficultés au moment d'obtenir des visas. Nos identités sont hélas connues, désormais.

(1) L'audience pourrait être renvoyée, à la demande de l'avocat des Femen.

« Les Femen ne sont pas là pour boire du thé entre copines »

Via: sudouest.fr


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