"Iseul", l'Antigone infiltrée chez les Femen
« Elles ont besoin de visages et de paires de seins » : pas difficile donc pour Iseul, prénom d’emprunt, d’infiltrer les Femen en leur proposant de participer à leurs actions. Cette jeune catholique étudiante en droit de 21 ans, exaspérée par le mouvement des Femen et en particulier par leur action dans Notre-Dame de Paris, s’est ainsi glissée chez les « sextremistes » venues de l’Est durant sept semaines, observant de l’intérieur ce mouvement qu’elle décrit comme étant « opaque » et « sectaire ». « Je les ai d’abord contactées pour leur dire que je voulais participer à leur lutte. Pas de réponse. J’ai alors décidé d’aller les voir, en prétextant une demande d’autographe. Je me suis présentée au Lavoir Moderne Parisien, un ancien squat qu’elles occupent, dans le quartier de la Goutte-d’Or. Quand Oksana, l’une des Ukrainiennes fondatrices du mouvement, m’a signé mon autographe, je me suis lancée, je lui ai dit que je voulais les rejoindre. Elle ne m’a pas posé de questions, elle m’a simplement répondu : "Viens demain à l’entraînement"», raconte la jeune femme dans Valeurs actuelles. Elle découvre alors l’organisation du mouvement, qui se résume selon elle à quelques entraînements sportifs hebdomadaires pour préparer les actions coup de poing des activistes aux seins nus. « On court en rond en criant des slogans comme "Pope no more", "In gay we trust" ou "Topless Jihad !", raconte-t-elle. On fait des pompes, des abdos. On apprend aussi comment obtenir des photos spectaculaires : comment tomber au sol, comment disposer les bras, comment se comporter avec les policiers… » Iseul évoque ainsi l’accent mis avant tout sur les actions spectaculaires. Dans une interview, Oksanna, l’une des fondatrices du mouvement, expliquait d’ailleurs à ses comparses qu’il « est plus utile de s’adresser à 5 caméras qu’à 50 personnes ».
« Le mouvement est très hiérarchisé et très opaque »
Quid alors des idées défendues par le mouvement ? Bien loin du « féminisme intello auquel on est habitué en France », Iseul dit avoir été « surprise par le manque de débat au sein des Femen. « Ce qui m’a le plus surpris, c’est précisément qu’on ne parle pas beaucoup d’idées. (…) Elles sont beaucoup plus dans l’action. » Une obsession de l’image donc, qui prend le pas sur la discussion et qui impose une ambiance « narcissique ». D’ailleurs, la jeune infiltrée parle d’une organisation « angoissante », dans laquelle « il n’y a pas de dialogue, ni d’échanges d’infos ». « On ne sait pas ce qui se prépare, ou seulement au dernier moment. Le mouvement est très hiérarchisé et très opaque », précise-t-elle. Les seuls décisionnaires sont les deux fondatrices ukrainiennes et trois Françaises. Ce groupe reste en contact permanent avec la base du mouvement, installée en Ukraine, mais ne communique quasiment pas avec les militantes.
Reste que l’infiltration de la jeune femme est critiquée et certains doutent de son objectivité : celle qui se présente comme une simple « catholique normale » appartient en réalité aux « Antigones », un mouvement « féminin » résolument anti-Femen. Ce rassemblement de jeunes femmes vêtues de longues jupes blanches a d’ailleurs mené le week-end dernier une action coup de poing contre le QG parisien des Femen. Leur slogan ? « La femme a sa dignité, celle-ci ne passe pas par l’exhibitionnisme et l’hystérie ».
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Crédit photo : Abaca
Via: terrafemina.com
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