FÉMINISME - Alors qu'il bénéficiait jusqu'alors d'une tolérance bienveillante de la part de la gauche, le groupe féministe radical Femen perd ses soutiens politiques les uns après les autres. Habituées aux actions d'éclat contre le machisme, la prostitution, l'homophobie ou les religions, les "sextrémistes" venues d'Ukraine avaient suscité une vague de colère dépassant la sphère catholique lors d'une nouvelle provocation perpétrée dans l'enceinte de l'église de la Madeleine, à la veille des fêtes de Noël.
Mimant un "avortement de Jésus" devant l'autel, une militante aux seins nus avait ainsi voulu protester contre la législation anti-avortement votée par la majorité conservatrice espagnole. L'opposition UMP et UDI s'étaient indignés du silence du ministre de l'Intérieur et des Cultes, Manuel Valls et de la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo.
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Ce mercredi 8 janvier, un communiqué du ministère de l'Intérieur a tenu à dénoncer "une provocation inutile". "Toutes les dégradations commises contre les lieux de culte sont des offenses à nos valeurs républicaines de tolérance et de liberté de conscience. Les agissements récents, notamment à l’église de la Madeleine, ont constitué à cet égard une provocation inutile", tranche le ministre, alors que l'auteur de dégradations dans une autre église parisienne, qui n'a a priori rien à voir avec les Femen, a pu être interpellé aujourd'hui. Manuel Valls apporte ainsi "son soutien aux catholiques de France qui ont pu être offensés par ce geste extrêmement irrespectueux".
Si aucune dégradation n'avait été constatée à la Madeleine, une plainte avait été déposée par le curé , Bruno Horaist. Selon Le Parisien, l'activiste Femen française Eloïse Bouton a été retenue en garde à vue pour 'exhibition sexuelle" et auditionnée pendant huit heures ce mardi par la police. L'avocat du collectif "compte bien contester le motif de cette garde à vue et le fait que la moindre infraction ait pu être commise".
Hidalgo "condamne avec la plus grande fermeté" les méthodes des Femen
Alors que les Femen sont de plus en plus critiquées pour leurs méthodes à la limite de l'illégalité, celles-ci pourraient devenir un enjeu politique aux prochaines élections municipales parisiennes. Dès l'annonce de la provocation de la Madeleine, la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet avait condamné les actions du groupe féministe.
Si la candidate socialiste Anne Hidalgo avait préféré adresser un courrier de soutien au curé de la paroisse, elle n'avait pas condamné à haute voix le mouvement sextrémiste. C'est désormais chose faite. "Je réprouve les méthodes qui visent à agresser les lieux de culte. Et je condamne avec la plus grande fermeté les méthodes des Femen", a-t-elle déclaré ce mercredi lors d'un déjeuner avec la presse, malgré le soutien affiché par la leader Inna Shevchenko.
@Anne_Hidalgo supports FEMEN!
FEMEN supports Anne_Hidalgo!
— inna shevchenko (@femeninna) 6 Janvier 2014
La dauphine de Bertrand Delanoë avait été très attaquée ce week-end sur les réseaux sociaux par l'extrême droite après la diffusion d'une émission sur Paris Première. Anne Hidalgo y jugeait les Femen "émouvantes". Mais comme l'avait relevé Le Lab d'Europe1, l'émission avait été enregistrée deux mois auparavant, bien avant la polémique autour de l'église de la Madeleine. "Je suis une féministe et une laïque convaincue. Ce qui veut dire que chacun doit pouvoir exercer sa foi dans la sérénité de la sphère privée", a confié la candidate socialiste qui dément tout soutien financier ou logistique aux Femen de la part de la mairie de Paris.
TRIBUNE - "Polémiques de fêtes: foie de boeuf ou quenelles", par Caroline Fourest
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