“Inna” de Caroline Fourest, vive les clichés et la mise en scène de soi

Le sujet

Journaliste-essayiste-militante en guerre contre les intégristes de tous poils, Caroline Fourest s’est rapprochée des Femen, ces féministes aux seins nus, en 2012, à la faveur du documentaire Nos seins, nos armes. C’est cette période marquée par les manifestations anti-mariage pour tous qu’elle retrace dans Inna, ouvrage qui met l’accent sur Inna Shevchenko, leader ukrainienne et charismatique des Femen, dont elle est tombée amoureuse. De promenades au clair de lune au premier baiser, Caroline Fourest ne nous épargne (presque) rien de sa romance slave. Pas sûr qu’Inna Shevchenko apprécie.

Le symptôme

Roman à l’eau de rose ? Récit initiatique ? Essai militant ? Inna balade son lecteur entre plongée analytique dans le sextrémisme des Femen et l’émoi de l’auteur à la vue de “la courbe des reins” d’Inna. Aux antipodes de la bio classique, Inna traite moins de son sujet que de son auteur, qui prend “la Shevchenko” comme prétexte pour mieux parler d’elle-même. Mais pas d’autocritique, Fourest se donne le beau rôle, celui de la pacificatrice qui aurait tenté coûte que coûte de tempérer la radicalité des Femen. Elle se compare d’ailleurs régulièrement à une figure parentale raisonnant une bande d’enfants turbulents. Les clichés abondent (les hommes sont des “loups”, des “lions”) et la finesse n’est pas de mise. On aurait pu croire à un ouvrage regorgeant de révélations. Mais, mis à part des dîners aux chandelles, aucun scoop ici.

Le souci

Il faut reconnaître une certaine sincérité, voire du courage, à Caroline Fourest quand elle prend le parti de ne pas cacher au public une aventure avec son sujet. Information que d’autres auraient tue. Un choix qui s’inscrit dans un contexte où la transparence l’emporte sur la vie privée. L’affaire Closer (Gayet/Hollande) en témoigne. La chute de DSK a accéléré ce mouvement : il fut reproché à la presse de ne pas avoir fait état des problèmes sexuels de l’homme politique. Caroline Fourest a-t-elle voulu jouer la transparence pour anticiper les critiques et “cloisonner”, au cas où l’affaire tournerait mal ? Et de quelle transparence s’agit-il ? Car le récit autobiographique, ou la mise en scène de soi, est un phénomène d’édition. Marcela Iacub, dans Belle et Bête, narrait ses aventures sexuelles avec DSK, sans que l’on sache discerner le vrai du faux. Quand la politique n’intéresse plus, que les élites rebutent, quoi de mieux qu’une bonne vieille histoire de fesses pour vendre du papier ?

Via: lesinrocks.com


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