Dans son ouvrage Les Territoires perdus de la République, Georges Bensoussan plante le décor en exposant la question de l'antisémitisme, du racisme et du sexisme en milieu scolaire oubliant au demeurant la question islamophobe dès les années 1970.
Il y dépeint principalement une jeunesse issue de l'immigration maghrébine traversée partiellement par l'antisémitisme. Les termes de «territoires perdus de la République» seront récupérés par des hommes politiques dont Philippe de Villiers et quelques cercles communautaires juifs.
Pour autant, l'auteur ne parle pas d'islamophobie ni même de christianophobie, de discrimination, de racisme anti-arabe, anti-noir ou antillais : il occulte l'histoire oubliant l'idée que la marche pour l'égalité des chances était censé être apolitique et qu'elle avait été manipulée par des politiciens pour lesquels l'immigration et l'intégration n'étaient qu'un instrument politique.
Des enjeux et des manœuvres politiques qui furent à l'arrière-plan de la création du mouvement antiraciste dénommé SOS Racisme, dont le seul véritable objectif était de relayer la politique du PS et de combattre le Parti communiste français.
Bensoussan oublie le soutien apporté par des syndicats proches du Parti socialiste, la presse, les réseaux maçonniques et la surreprésentation, au sein des instances dirigeantes du mouvement, de membres de syndicats communautaires (L'Union des étudiants juifs de France) par rapport à la dénomination péjorative de «beur».
En effet, le PS et l'UEJF ont créé SOS racisme pour détruire le mouvement beur, dont beaucoup de militants affichaient leur solidarité avec le peuple palestinien, et pour axer le discours non plus sur les problèmes de banlieue mais sur la lutte contre le Front national.
Revenir aux valeurs républicaines
Cette utilisation politique explique également aujourd'hui, «l'hostilité» et la défiance que les associations du mouvement beur à l'époque manifesteront à l'égard de SOS racisme mais également aujourd'hui.
A ce propos, Philippe Juhem avait publiée une étude de 838 pages intitulée SOS-Racisme, histoire d'une mobilisation apolitique, Contribution à une analyse des transformations des représentations politiques après 1981 que vous n'avez sûrement pas lu M. Bensoussan.
Enfin, Jacques Attali dans son livre Verbatim écrit en (1993) soutient lui que l'association est créée de toutes pièces à partir de l'Élysée.
Dans un autre livre que vous publiez en 2002, Une histoire intellectuelle et politique du sionisme 1860-1940, vous tentez cette fois-ci de réhabiliter le sionisme comme idéologie séculaire, en questionnant l'identité juive et en proposant de redéfinir l'identité juive dans un sens sécularisé.
Le sionisme, selon vous, est d'abord une révolution culturelle, un peu comme Mao, autour de l'hébreu.
Votre malhonnêteté intellectuelle consiste à stigmatiser les Français de confession musulmane et à falsifier l'histoire; la colonisation en Israël est-elle une révolution culturelle ou un principe fondateur et historique du sionisme monsieur ?
La question mérite d'être posée. L' adhésion au sionisme comme doctrine de la politique étrangère de l'état juive d'Israël mais également l'islamisme comme doctrine de politique de l'Etat du Qatar finançant au demeurant les partis islamistes.
Tout cela est-il compatible avec les valeurs de la République française : Liberté, Égalité, Fraternité ? Sûrement pas !
Pierre Vidal-Naquet : «Il ne faut pas parler avec les négationnistes»
En mai 2012, vous faites paraître Juifs en pays arabes. Le grand déracinement 1850-1975, encensé par le magazine L'Histoire qui fait votre portrait à l'occasion du compte-rendu de votre ouvrage.
La quinzaine littéraire, Marianne, Le Figaro littéraire accueillent en grande pompe aussi très favorablement votre ouvrage.
Ainsi Mr Bensoussan, vous semblez omettre l'histoire notamment l'implication forte de feu Sa Majesté Mohammed V dans la défense des Juifs en dehors de son pays, là où ses intérêts et prérogatives n'étaient plus en jeu.
N'oublions pas également le rôle de la Grande Mosquée de Paris qui délivrait des certificats aux juifs de France afin de certifier qu'ils étaient musulmans. L'objectif était d'empêcher leur déportation et nous sommes les héritiers direct de cet humanisme, de cette cohésion entre les peuples.
L'historien Henry Laurens pour ne citer que lui a parlé dans plusieurs de ses ouvrages de l'existence d'un trafic de faux passeports marocains émis par le sultanat, puis remis via la Grande mosquée de Paris à certains Juifs de l'Hexagone.
Simone Weil en aurait, selon Laurens, très probablement bénéficié. Ce "détail", qui selon vous je pense, n'a pas trop d importance, a contribué à la construction de cette réputation de défenseur des Juifs que détenait Feu Mohammed V.
Votre projet pour la France n'est rien d'autre que le rapprochement entre l'extrême droite française et le sionisme français. Vous êtes un proche du CRIF, dont le président a qualifié Marine le Pen «d'irréprochable», et qui vous a maintes fois récompensé mais qui ne représente pas la grande majorité des Français de confession juive, intègres et républicains du quotidiens.
Votre travail pseudo scientifique est plus qu'approximatif. C'est plus de l'anecdote, de l'idéologie mais certainement pas de l'Histoire.
Cher monsieur Bensoussan, le capitalisme a imposé une immigration africaine, un pillage des richesses par les multinationales, par le grand patronat français, ce qui ne semble pas vous intéresser, pas plus que la violence et l'ampleur des conséquences du colonialisme en Afrique (accords Ape, base militaire française, accords ACP, soutien aux dictateurs).
Sans mandat du peuple français, c'est à dire sans référendum, la France et son peuple se retrouvent, de fait, impliqués dans des guerres qui ne sont pas les siennes.
Comme disait Pierre Vidal-Naquet : «Il ne faut pas parler avec les négationnistes, il faut parler du négationnisme sous-estimé».
Via: zamanfrance.fr
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