EXCLUSIF - "You don't buy. I don't sell. Pas de demande, pas d'offre". C'est à travers une nouvelle campagne choc en France que le groupe féministe des Femen a décidé de prendre position contre la prostitution et pour la criminalisation des consommateurs. Un engagement qui intervient alors qu'une proposition de loi, qui doit être déposée au Parlement par le groupe socialiste, envisage pour la première fois d'infliger une contravention aux clients de prostituées.
Cette campagne de photos, prises dans Paris par le photographe Dmitry Kostyukov, vise à interpeller, une nouvelle fois, l'opinion sur le sort réservé aux femmes. "La position de FEMEN est ferme: la prostitution est un trafic d'êtres humains, c'est l'exploitation d'un sexe par l'autre au moyen de la force ou du mensonge; la société doit l’interdire strictement", prône la porte-parole du mouvement "sextrêmiste", Inna Schevchenko. [Suite de l'article après notre diaporama]
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Jusqu'à 1500 euros d'amende, mais pas de prison
Pour l'heure, les clients des prostituées ne sont pas inquiétés par la police ou la justice en France. La proposition de loi élaborée par les députées socialiste Catherine Coutelle et Maud Olivier prône l'abrogation du délit de racolage public (alors que le Sénat a déjà abrogé celui de racolage passif), préconise des mesures de réinsertion à destination des prostituées et imposerait pour la première fois la verbalisation des clients interpellés par les forces de l'ordre.
S'inspirant en grande partie du rapport de Maud Olivier, présenté à la mi-septembre, la proposition de loi ne reprendra cependant pas l'idée de sanctionner les clients ayant recours à la prostitution par une peine d'emprisonnement, en cas de récidive.
"La proposition de loi a pour objet de réduire la demande de services sexuels en sanctionnant les clients par une contravention de 5e classe (avec une amende de 1 500 euros (2 100 $CAN) maximum)", précise le groupe socialiste. La contravention pourrait être doublée en cas de récidive, précise-t-on dans l'entourage des députés.
Une question "légitime" pour Najat Vallaud-Belkacem
L'idée a reçu le soutien de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. "Il est un dernier acteur de l'ensemble prostitutionnel auquel on ne s'est pas intéressé pour le moment, c'est le client. Et moi j'estime que la question de la responsabilisation du client est tout à fait légitime", a-t-elle déclaré, tout en écartant l'option d'une peine d'emprisonnement.
"Ce texte, qui est profondément abolitionniste, vise à tarir la demande. Il n'y a de prostitution que parce qu'il y a des clients, et les clients sont responsables aussi de la situation des personnes prostituées", a précisé la porte-parole du PS Laurence Rossignol.
Un choix que soutiennent activement aujourd'hui les Femen à l'échelle de l'Union européenne. "L’Europe doit se défaire de sa vision romantique de la prostitution choisie. Ces situations existent certes, mais dans un infime pourcentage, et ne doivent pas servir d’excuse (facile et lâche) pour ignorer la souffrance de millions d'autres", plaide encore Inna Schevchenko.
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