Les Femen comptent parmi les plus controversés et les plus visibles médiatiquement des groupuscules féministes, à cause de leur stratégie de communication…atypique. Le fait qu'elles se dénudent déconcerte voire énerve. Elles sont accusées d'utiliser le corps des femmes sous le prétexte de les défendre, et de n'avoir aucune crédibilité politique, comme l'a écrit Mona Chollet dans Le Monde Diplomatique en mars 2013 . Et en effet, sur leur site officiel et sur la plupart des photos de presse, on trouve quasi-exclusivement des femmes jeunes, minces et jolies, voire grossièrement photoshoppées (NB : il s'agit d'un poster officiel des Femen et pas d'une parodie, malgré la paire de testicules tranchée). En plus de ça, leurs actions et leurs propos sont violents, elles se qualifient d'ailleurs elles-mêmes de "sextrémistes", et elles sont profondément antireligieuses; après leur manifestation à Notre-Dame en 2013, elles se sont réjouies sur leur site de lutter contre "la masse religieuse puante et ignorante qui tente de se répandre dans nos rues". Ce dernier message passe plutôt mal quand le climat général est plutôt à la tolérance et au vivre-ensemble (bien que la laïcité soit encore parfois au cœur du débat avec le voile à l'université, par exemple). Quand elles débarquent en hurlant des slogans, seins nus, avec écrit "Fuck God" et autres "Aborto es sagrado" (l'avortement est sacré, en rapport à la récente initiative du gouvernement espagnol de l'interdire à nouveau), les avis sont très tranchés. Il y a les sympathisants, plus nombreux après qu'elles aient été frappées par des membres de Civitas en intervenant pendant une marche des membres de la Manif pour Tous. En face, il y a ceux qui les trouvent ridicules, dangereuses, contre-productives ou tout ça à la fois.
Ceux qui approuvent leur mouvement soulignent par exemple qu'elles ont raison d'adopter cette stratégie puisqu'on parle souvent d'elles, et beaucoup moins des autres groupes féministes. Leurs détracteurs leur reprochent de salir le corps de la femme, d'entretenir des clichés sexistes et de ne faire passer aucun réel message, puisque ce qui intéresse les médias ne serait que de photographier des femmes nues. D'une manière générale, les jeunes féministes dites de la "troisième vague" sont loin, très loin d'être d'accord entre elles sur les idées à faire passer et comment se faire entendre. Si les Femen ont séduit ces six étudiantes chinoises qui ont décidé de les imiter, un autre groupe – les Antigone – s'est créé spécifiquement pour lutter contre les "militantes aux seins nus". Les féministes d'aujourd'hui sont beaucoup moins, comme à l'époque de Simone de Beauvoir, unies autour d'un projet de loi ou de principes communs. Elles sont davantage organisées en petits groupes aux revendications plus spécifiques. Par exemple, certaines affirment que l'égalité hommes-femmes passe par la complémentarité, et donc des rôles genrés traditionnels (pour résumer, la femme est faite pour rester au foyer, mais cela ne signifie pas qu'elle est inférieure, seulement différente). D'autres luttent contre ce qu'on appelle le "slut-shaming", à savoir de justifier une agression sexuelle par la manière dont était habillée la victime (c'est-à-dire, pas assez), en manifestant plus ou moins – plutôt moins – couvertes lors des slut walks. On peut également citer La Barbe qui se focalise sur la parité hommes-femmes ou sein de différentes organisations importantes, en allant les "féliciter" du nombre réduit de personnel féminin, une fausse barbe accrochée au visage. L'avantage, c'est que les étudiantes n'ont plus tellement à se décréter ou non féministes mais à choisir quelles idées leur correspondent le mieux (un peu comme les stages - voir les meilleures entreprises 2013 où en faire un).
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Via: meltycampus.fr
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