Installées au Lavoir moderne parisien, une salle de spectacle sise au cœur de la Goutte-d'Or, les activistes de Femen ont célébré toute poitrine dehors l'ouverture à la mi-septembre de leur centre français. L'initiative était osée. Dans un quartier plus connu pour ses prières de rue et sa population bigarrée, les filles pouvaient difficilement passer inaperçues. La sortie s'est pourtant déroulée sans encombre. Davantage surpris qu'agacés, les habitants ont plutôt apprécié le spectacle.
Voir : " L'inauguration, seins nus, du camp d'entraînement parisien des Femen"
"Nous ne voulions pas les provoquer, mais c'était important de marquer le coup. Nous sommes chez nous après tout, explique Safia Lebdi. "Si on commence à avoir peur, nos actions n'ont plus aucun sens." Sa camarade Loubna Méliane se félicite aussi d'avoir ancré le mouvement dans ce "petit Alger", où on ne l'attendait pas.
Imperturbable derrière son zinc, M. Ahcène, le patron du Bar des amis, en face du Lavoir, comprend mal l'emballement médiatique suscité par ses nouvelles voisines. Des filles seins nus, il en a "déjà vu à Saint-Tropez et sur les plages. Et puis l'émancipation de la femme, c'était dans les années 1970", dit-il en resservant un blanc-cassis au client dodelinant de la tête au son du oud.
Lire : " Paris, nouvelle base des activistes aux seins nus"
"UNE BONNE PLANQUE"
"La prochaine fois, qu'elles sortent au soleil, on les verra mieux", s'enthousiasme un habitué au comptoir de l'Omadis, quelques mètres plus bas dans la rue Léon. A ses côtés, Mireille, une voisine sirote une menthe à l'eau. Comme la plupart des locaux, elle a appris l'existence de Femen dans les journaux. "C'est un quartier beaucoup plus ouvert qu'on peut le croire", explique-t-elle.
La police, qui ne s'y est pas trompée, n'a mis en place aucun dispositif particulier. "Même si c'est un quartier très communautarisé, il n'y a pas de problème de cohabitation", explique-t-on au commissariat du 18e arrondissement.
Des doutes subsistent néanmoins quant aux intentions des militantes. Certains leur reprochent de participer à l'islamophobie ambiante. Les mots "no charia", du nom de la loi islamique, peints sur la poitrine d'une militante, ont choqué Brahim, le barman. "Des petits jeunes très portés sur la religion étaient un peu remontés", se souvient Issa, un client. Néanmoins, estime le jeune homme, les filles ont choisi "une bonne planque", en s'installant à la Goutte-d'Or. "Ici, personne ne te demande qui tu es et d'où tu viens", assure-t-il.
Open all references in tabs: [1 - 7]
Via: lemonde.fr
Short link: Copy - http://whoel.se/~6rOSN$1nf