Les Femen répondent à leurs détracteurs dans leur nouveau …

Tout a été dit sur les Femen. Ou presque. Car celles qui se définissent depuis leurs débuts en 2008 en Ukraine comme des “sextrémistes” se sont toujours vu reprocher de mettre l’accent sur leurs actions au détriment de leur(s) discours. Sept ans plus tard, elles tentent de rattraper le coche en publiant un Manifeste de 60 pages.

Dans une première partie, les Femen retracent l’historique de leur mouvement, fondé en 2008 par Anna Hutsol, qui sera rejointe par plusieurs étudiantes ainsi qu’Inna Shevchenko, alors journaliste. La première action seins nus survient en décembre 2010, lorsque cinq activistes débarquent dans un bureau de vote juste avant l’arrivée du futur président ukrainien, Viktor Ianoukovitch. Suivront les épisodes désormais inscrits dans la mémoire collective: l’enlèvement de trois activistes, l’attaque d’une croix chrétienne à la tronçonneuse par Inna, sa fuite en France, l’action devant le domicile de DSK, l’obtention de son asile politique en 2013, puis les épisodes tunisien avec Amina, et turc avec la condamnation de trois activistes à trois ans de prison ferme pour avoir fait irruption dans le bureau du premier ministre Erdogan.

Deux combats : les religions et les dictatures 

Mais l’intérêt du Manifeste tient plutôt dans sa deuxième partie, consacrée aux “piliers à combattre” et aux modes d’action employés. Les Femen réitèrent leur détermination à lutter contre les dictatures (“C’est parce que l’idéologie patriarcale et les dictatures se complètent et s’alimentent que leur renversement constitue un enjeu majeur du féminisme“), mais aussi la religion :

“Loin de nous attaquer à la précieuse liberté de penser, que nous défendons par ailleurs avec vigueur, nous combattons toutes les religions en ce qu’elles constituent systématiquement des modèles de sociétés concurrents et antidémocratiques où hiérarchie et obéissance absolue sont les maîtres mots.”

La dénonciation du tourisme sexuel et de la prostitution 

Le troisième pilier est sans surprise l’industrie du sexe. Le mouvement a été créé à l’origine pour dénoncer le tourisme sexuel et la prostitution en Ukraine. Les Femen n’ont pas changé de ligne de conduite, et réaffirment que “le sexe n’est pas une marchandise, que le consentement moral ne s’achète pas, et que la prostitution n’est pas une profession”. Elles écrivent:

“Nos sociétés doivent se défaire de la vision romantique de la “prostitution choisie”, qui manipule les principes du féminisme et du droit des femmes à disposer de leur corps pour les transformer en un droit des hommes à disposer du corps d’autrui. (…) Le seul rapport qui existe ici est celui entre un être humain acheteur et un être humain acheté. Il est donc tout à fait illusoire de penser qu’un quelconque rapport d’égalité puisse exister entre le client et la prostituée.”

Les Femen dénoncent, plus généralement, “la non-reconnaissance de la sexualité féminine“, “soit l’interdiction à la femme d’être un sujet – un sujet de sa sexualité, de son corps, de son plaisir, de son être au monde” et appellent dès lors les femmes à refuser leur objectification en luttant notamment contre la pornographie mainstream et l’utilisation par la publicité d’“image hyper-sexualisée des femmes comme argument de vente“.

 Se déshabiller pour lutter contre le sexisme serait-il contradictoire?

Le débat sur la prostitution et la pornographie, qui divise les féministes depuis la nuit des temps, recoupe en un sens celui sur le mode d’action utilisé par les Femen: les happenings seins nus, la poitrine barrée de slogans-choc. Se déshabiller pour lutter contre le sexisme serait-il contradictoire? Les “sextrémistes” répondent une nouvelle fois par la négative, arguant du fait qu’elles cherchent à se réapproprier leur corps en le transformant en sujet agissant:

“Nous avons gardé les corps dénudés, nous les avons parés de slogans et postés dans une attitude guerrière. L’image est simple et radicale : les corps, esclaves hier, se lèvent et marchent ensemble vers la libération.”

Le groupe en profite pour revenir sur son utilisation de certains symboles, comme les couronnes de fleurs, “attribut du costume traditionnel féminin” que “seules les femmes “dignes”, c’est-à-dire vierges et non mariées étaient autorisées à porter”. En se “coiffant de ce symbole patriarcal”, les activistes assurent qu’elles le retournent contre lui-même afin d’en faire “l’emblème de la femme combattante, fière, libre et insoumise“. Même démarche concernant leur esthétique ultra-girly: “Nos activistes se glissent dans le carcan que les hommes ont inventé pour les soumettre et s’en servent comme d’une arme“.

Les Femen répondent à leurs détracteurs

Dans une volonté de transparence, voire de renaissance, les Femen répondent à leurs détracteurs qui les accusaient de ne sélectionner que des activistes aux mensurations de mannequin: “Quelle que soit leur physionomie, nous mettons en scène des corps féminins apprêtés, mais en rébellion, utilisant les attributs du sexisme contre le sexisme lui-même. Il ne s’agit donc certainement pas d’opérer une quelconque sélection des activistes en fonction de leur physique mais de mettre en scène les corps afin de mieux renverser les codes.”

En conclusion, les féministes adresse “une lettre ouverte aux femmes du monde”, qui commence par ces mots très justes: “A vous qui n’êtes ni fille, ni mère, ni sœur, ni épouse (…)

Via: lesinrocks.com


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