Dimanche 18 novembre, une manifestation organisée par l’institut Civitas, proche des catholiques intégristes, a été interrompue par l’arrivée de militantes féministes du mouvement Femen. Des violences entre des jeunes présents dans la manifestation et des militantes ont éclaté, le tout sous l’œil des caméras de journalistes, qui se sont retrouvés au milieu de la bagarre.
Rappel des faits
Le soir même, des articles se multipliaient pour dénoncer les agressions dont avaient été victimes les militantes et certains journalistes, dont la très médiatique Caroline Fourest. « Une dizaine de militantes des Femen avaient décidé de faire une protestation pacifique et drôle, d'arriver habillées en nonnes avec des slogans humoristiques, et quand elles se sont avancées vers les manifestants, des types les ont prises en chasse, déchaînés », a raconté Caroline Fourest à BFMTV, le lendemain.
« Une protestation pacifique » ? Le terme paraît mal approprié au vu des photos et des vidéos prises sur le vif. Pensaient-elles vraiment manifester pacifiquement en aspergeant les manifestants de fumée provenant d’aérosols étiquetés en anglais « Saint sperme » et « sperme de Jésus » ? On en doute.
Des participants de la manifestation ont réagi violemment à cette « protestation », certains n’hésitant pas à poursuivre les militantes pour les rouer de coups.
Des victimes trop faciles ?
Mais qu’attendaient ces militantes ? Qu’on les regarde avec amour en leur disant que Dieu les pardonne ? Ne venaient-elles pas justement pour pouvoir donner du grain à moudre à tous ceux qui considéraient par avance que ces manifestations allaient déborder ? N’étaient-elles pas satisfaites de pouvoir se poser en victimes de ces « réactionnaires excités » qui n’attendaient que de pouvoir « casser du pédé » ?
C’est en tout cas ce que pensent les organisateurs de ces manifestations, dont le président de l’organisation Civitas, Alain Escada, qui a décidé de porter plainte contre le mouvement Femen. Pour lui, les médias on choisit leur camp et il est grand temps de raconter ce qui s’est réellement passé ce jour-là.
Plainte contre plainte
Si Caroline Fourest déclarait avoir déposé plainte sur Europe 1, dès lundi matin, c’est au tour de l’institut Civitas de porter plainte afin de dénoncer la « désinformation » dont il serait victime.
Dans un communiqué, Alain Escada écrit : « Les jeunes filles en questions appartiennent au groupe les Femen d’origine ukrainienne, groupe interdit en Ukraine, financé par un milliardaire allemand ; elles sont venues contre-manifester illégalement puisque sans déclaration préalable, avec virulence, en portant un voile de religieuse sur la tête, les seins nus, certaines en porte-jarretelles, avec des expressions injurieuses écrites sur la poitrine (« fuck God », « fuck church », « Saint-esprit étroit », « Marie marions-nous », « Occupe-toi de ton cul »), pour attaquer les manifestants de Civitas – dont des enfants qui ont été extrêmement choqués ».
C’est pourquoi Civitas annonce que son avocat est en train de porter plainte auprès du procureur de la République contre les militantes des Femen présentes à la manifestation, qui se seraient rendues coupables « d’exhibitions sexuelles notamment à la vue d’enfants », « diffusion de messages à caractère violent ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine et susceptibles d’être vus par des mineurs », « violences en réunion et avec armes » y compris contre des enfants, « entrave concertée à la liberté de manifestation par menaces, violences et voies de fait », ainsi que pour injures envers les manifestants en raison de leur appartenance à la religion catholique.
Civitas responsable de rien ?
Dans son communiqué, l’institut maintient ne pas être responsable des violences commises à l’égard des militantes et des journalistes : « Aucun membre de l’organisation de Civitas ne s’est rendu coupable de la moindre violence envers ces Femen. Les policiers ont informé les responsables de Civitas que seuls avaient été interpellés quatre individus sans rapport avec Civitas et que rien ne pouvait être reproché à Civitas ».
On peut quand même s’interroger sur les consignes transmises au service d’ordre de la manifestation. Ne fallait-il pas qu’ils soient absolument exemplaires s’ils espéraient faire entendre leur voix ? Ne fallait-il pas imposer au service d’ordre de créer un cordon de sécurité pour les manifestants pour parer tout risque de ce genre ? Si ces « quatre individus » n’avaient aucun « rapport avec Civitas », pourquoi Alain Escada n’a-t-il pas fermement condamné leurs actes de violence ?
Via: jolpress.com
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