Alors que leur camarade tunisienne Amina Sbouï reste emprisonnée, les deux Françaises Pauline Hillier et Marguerite Stern ainsi que l'Allemande Josephine Markmann, libérées une semaine avant une visite à Tunis de François Hollande, ont atterri jeudi midi à l'aéroport de Paris-Orly.
Les trois militantes avaient été libérées quelques heures après leur condamnation en appel en Tunisie à une peine de quatre mois et un jour avec sursis. Lors de l'audience d'appel mercredi, elles avaient pour la première fois exprimé des regrets pour leur action seins nus du 29 mai à Tunis en soutien à Amina.
"On ne regrette rien, si c'était à refaire, on le referait", ont expliqué les trois jeunes femmes, lors d'une conférence de presse dans l'après-midi.
"On a exprimé des regrets uniquement sur les conseils de l'ambassade qui nous a dit que c'était notre seule chance de ne pas passer quatre mois en prison", a indiqué Josephine Markmann, 20 ans. "Nous avions peur que passé un tel délai, nous ne puissions plus jamais être des Femen".
Les trois jeunes femmes ont en effet décrit des conditions de détention déplorables et susceptibles de mettre gravement leur santé en danger.
"Nous avons connu deux prisons", a raconté Pauline Hillier, 26 ans. "Dans la première, où nous n'avons heureusement passé qu'un jour, vous dormez dans des couvertures pleines d'urine et tâchées de sang".
"La deuxième prison était aussi bien loin de respecter les droits de l'Homme", a continué la jeune femme, décrivant des "humiliations physiques, comme les fouilles au corps, où il faut se déshabiller entièrement et se mettre accroupi".
Visiblement émues et éprouvées, elles ont aussi raconté l'absence de draps, de vêtements, de douches, la cellule de 50m2 partagée avec 25 personnes, les cafards et "la tyrannie religieuse, partout".
Elles ont promis que tant qu'Amina ne serait pas sortie de prison, elles continueraient "le combat".
En première instance, les jeunes femmes avaient été condamnées à quatre mois et un jour de prison ferme, une peine dont la sévérité avait suscité les regrets de la France, l'Allemagne et l'Union européenne.
L'action seins nus avait été mal perçue en Tunisie, dirigée par le parti islamiste Ennahda, jusque dans les rangs de l'opposition laïque et des féministes tunisiennes.
Les ONG de défense des droits de l'Homme avaient estimé que, même si l'action pouvait être jugée choquante, elle relevait de la liberté d'expression et ne devait pas être passible de prison.
La France est le premier partenaire économique de la Tunisie et des associations islamiques ont estimé mercredi que "des pressions exceptionnelles" avaient été exercées en Tunisie pour fixer une audience" d'appel "le plus rapidement possible" pour les Femen.
Amina Sbouï attend en détention provisoire de savoir si elle sera inculpée pour avoir peint le mot "FEMEN" sur le muret d'un cimetière à Kairouan, à 150 km au sud de Tunis, pour protester contre un rassemblement de la mouvance salafiste.
Si elle est inculpée, la jeune femme risque deux ans de prison pour profanation de sépulture et six mois pour atteinte aux bonnes moeurs.
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