L’ex-Femen tunisienne Amina Sboui reconnaît avoir menti sur son …

L'ex-Femen tunisienne Amina Sboui à Paris en juillet.

« C'était un mensonge. » Amina Sboui, militante féministe tunisienne de 19 ans, qui faisait partie des Femen, un groupe d'activistes célèbres pour leurs performances seins nus, le reconnaît aujourd'hui dans une lettre confession : elle n'a pas été agressée par un groupe salafiste à Paris comme elle le prétendait en juillet sur sa page Facebook. Le texte, dans lequel la jeune femme accusait des « hommes barbus » de lui avoir rasé les sourcils à la sortie du métro Place de Clichy, n'est plus accessible. Ses aveux, par contre, ont été diffusés sur le site des efFRONTé-e-s, association féministe et LGBT.

La militante s'est confiée à Libération, décrivant sa fausse déclaration comme « un appel au secours » lancé à l'adresse de ses amis et de ses proches. « Ce n'était pas adressé à la presse et à la police. Le problème, c'est qu'il y a plein de journalistes qui me suivent, qui ont commencé à m'appeler, à écrire dessus », se justifie-t-elle, blâmant la pression médiatique. « Il y avait les gens qui ne me croyaient pas, mais aussi tous ceux qui me défendaient. Je ne pouvais pas dire que j'avais menti, c'était trop dur, j'avais peur de les décevoir », ajoute-t-elle.

Amina Sboui s'est fait connaître en mars 2013 en diffusant sur Internet une photo d'elle seins nus et cigarette à la main. Sur sa poitrine, des lettres à l'encre noire inscrites en arabe : « Mon corps m'appartient et n'est source d'honneur pour personne. » L'initiative provoque un tollé en Tunisie, son pays d'origine. Le 27 mars, l'hebdomadaire Marianne révèle que la jeune fille est retenue dans sa famille contre sa volonté, engourdie par les médicaments. Sa mère assure qu'elle est malade, psychologiquement fragile, suivie par des psychiatres.

Quelques mois plus tard, de nouveau libre de ses mouvements, la militante est interpellée après avoir tagué « Femen » sur le muret d'un cimetière de Kairouan pour protester contre un rassemblement du parti islamiste Ansar Al-Charia. Incarcérée, elle est accusée de « profanation de sépulture et atteinte aux bonnes mœurs », avant d'être libérée début août. Elle rejoint l'Hexagone à la fin du même mois.

« JE JETTE LE DISCRÉDIT SUR LA PAROLE DES VICTIMES  »

« Depuis mon exil en France, mes difficultés se sont accentuées, confie-t-elle aujourd'hui dans son mot d'excuse. Tout en étant très entourée, j'ai fait l'expérience de la précarité et de la solitude, alors que je dois préparer mon avenir. (...) Ces épreuves m'ont touchée, m'ont entraînée dans une spirale qui a abouti à commettre cette grande faute », écrit-elle.

Membre des Femen, la Tunisienne poursuit un temps ses activités militantes en France. Mais elle finit par rompre avec les autres filles. « Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de l'argent douteux. Et si c'était Israël qui finançait ? Je veux savoir. Et puis, je ne veux pas que mon nom soit associé à une organisation islamophobe », explique-t-elle dans une interview à la version maghrébine du site Huffington Post.

Rattrapée aujourd'hui par son mensonge, elle dit se sentir « coupable » d'avoir fait « du tort à la cause que je défends si ardemment, à savoir celle des droits des femmes ». « Je suis consciente que je jette le discrédit sur la parole des victimes de violences sexistes et des intégrismes, quels qu'ils soient », ajoute-t-elle.

En préambule du texte de l'ex-Femen, les efFRONTé-e-s ont publié cette réaction :

Ce mensonge fait mal à la cause des droits des femmes, et jette le discrédit sur les victimes réelles d'agressions sexistes, qui sont si nombreuses, dont il est tellement usuel de remettre en cause la parole. (....) Nous soulignons aussi qu'Amina est aujourd'hui dans une situation de profonde détresse psychologique, de grande précarité, et qu'elle a décidé de reconnaître publiquement son erreur et de demander de l'aide.

En tant que militantes féministes, nous savons assez que le système patriarcal génère de grandes brûlées. Au milieu de l'océan de victimes de violences dont débordent les permanences de nos associations, certaines femmes marquées par le système patriarcal, comme l'a été Amina très jeune, à 18 ans, pour une simple photo topless publiée sur les réseaux sociaux, peuvent commettre des actes irresponsables.

Amina Sboui devra en répondre devant la justice le 8 octobre. Poursuivie pour « dénonciation mensongère », elle risque 6 mois de prison et 7 500 euros d'amende.

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Via: lemonde.fr


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