L’Ukraine n’est pas une maison close

« Je ne sais pas comment les gens qui viendront verront notre pays. Mais, s’ils pensent que c’est une « maison close géante », comment vont-ils se comporter avec les jeunes femmes dans les rues ? ». À quelques jours seulement de l’ouverture de l’Euro 2012 de foot, Anna Hutsol, la présidente-fondatrice de l’association féministe, FEMEN, est inquiète. D’ici peu, débarqueront en Ukraine des cars entiers de supporters. Et avec eux, pour bon nombre de femmes, les ennuis vont commencer« Vous savez, nos filles s’habillent de façon plutôt libérée. Et, comme cela n’est généralement pas accepté dans les autres pays européens, cela peut passer pour un appel au sexe. Nous nous devions de faire passer le message : “Oui, les Ukrainiennes s’habillent comme ça, mais ce ne sont pour autant pas des prostituées”.»

Le sexe, un produit dérivé

Pour éviter que l’Ukraine, pays qui souffre déjà du tourisme sexuel, ne soit pas plus touché par la prostitution, les activistes de FEMEN ont proposé à l’UEFA de mettre en place, dès 2010, un programme de sensibilisation intitulé « don’t buy women ». Son objectif ? Rappeler aux amateurs de football qu'en Ukraine la prostitution est illégale, et que les femmes ne sont pas des biens de consommation. Elles ont été totalement ignorées. « J'en ai conclu que les comités et fédérations sportives étaient en étroites relations avec l’industrie du sexe, comme ils le sont avec les distributeurs de bières » explique, Anna Hutsol« Le sexe est l’alcool sont devenus des produits dérivés. »  

Des prostituées « préparées »

L’essor de la prostitution en marge de grands évènements sportifs n’est pas un phénomène récent. Cette problématique a été montrée du doigt lors de la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud, de l'Euro 2008, en Allemagne, et de chaque grande compétition. En Ukraine, ce phénomène a toutefois pris une dimension particulière. Chirurgie esthétiquecours de langue et d’histoire des pays participants, d'introduction au football…Rien n’a été négligé pour s’attirer les faveurs de leurs clients étrangers. Les « professionnelles » ukrainiennes ont sorti le grand jeu, conscientes que l'investissement finirait par payer. En cette période de championnat, elles devraient pouvoir doubler, voire tripler leurs tarifs. Ce qui explique que, sur Internet, les sites « d'escorts girls » se servent du championnat comme d'un instrument marketing. « Si vous aimez le sport et les femmes, vous n'avez aucune excuse pour manquer l'Euro 2012, en Ukraine » peut-on lire sur la page que l'un d'eux a consacré à l'événement. 

Des dangers du tourisme sexuel

Dans l’ex-République soviétique, qui compte déjà, selon les estimations, entre 52 000 et 83 000 « travailleuses du sexe », les pouvoirs publics assistent, impuissants, au développement des réseaux de prostitution. Surtout à Kyiv, la capitale, où sera disputée la finale du championnat d'Europe. « Les touristes viennent avec de l’argent, alors les filles qui vivent en dehors de Kyiv veulent toutes être là » résume, pour Reuters, Vasyl Poshtak, chargé de la lutte contre le trafic humain, par le ministère de l’intérieur ukrainien. « Nous contrôlons les hôtels, les boîtes de nuits, les salons de massage et les rues où travaillent les prostituées. Nous faisons de notre mieux, mais c’est comme se battre contre des moulins à vent ».  

Les prostituées, elles aussi, devront sans doute se battre contre des moulins à vent. Trop occupée à « nettoyer les rues », la police cherchera encore moins que d'habitude à les protéger. Un réel problème, d'autant que, comme le confiait récemment à RFI Sacha, une escort ukrainienne, « Travailler durant l'euro sera très difficile, les gens seront ivres, les supporters déçus ou tout excités. Ce sera la débauche et le chaos ». Banalisé, le tourisme sexuel n'en est pas moins dangereux. Y compris pour les clients. Certains l'ignorent peut-être encore mais l'Ukraine est le pays d'Europe le plus touché par le Sida. Et seules 60% des « professionnelles» ukrainiennes refusent catégoriquement tout rapport sans préservatif. 

Via: jolpress.com


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