[MAJ] Des Femen qui s'étaient invitées dans une manif anti-mariage gay jugées pour injure
En faisant irruption dans la manifestation contre le mariage homosexuel, organisée notamment par Civitas, les Femen voulaient s’en prendre à des « extrémistes », des « intégristes ». Voyant dans certains slogans des injures, une association les a poursuivies mardi devant le tribunal correctionnel de Paris.
En plein débat sur la loi sur le mariage homosexuel, le 18 novembre 2012, neuf membres (six sont poursuivies) du groupe féministe, seins nus comme à chacune de leurs actions, un voile sur la tête, comme des nonnes, s’étaient invitées dans le cortège. Sur leurs corps, des inscriptions telles « In gay we trust » (« Nous croyons en l’homosexualité », parodie de la devise américaine « In God we trust », « Nous croyons en Dieu »), « fuck church », « fuck god », « occupe-toi de ton cul », « Saint-esprit étroit ». Sur de petits extincteurs domestiques, achetés au BHV selon l’une d’elles, d’où pouvait jaillir une semence métaphorique du Christ, on pouvait lire « holy sperm » ou « Jesus’ sperm » (Saint sperme ou le sperme de Jésus).
Une action « parodique et humoristique », a expliqué à la barre Eloïse Bouton, l’une des prévenues. Humour peu goûté par le service d’ordre et les manifestants, qui leur sont « tombés dessus ». « Moi-même j’ai été saisie par les cheveux », a expliqué la jeune femme, qui ne s’attendait « pas à une telle violence », « on était seins nus, vulnérables ». Cinq personnes ont été mises en examen pour violences contre les militantes, dont l’une a « perdu des dents » selon son avocat.
L’appel à manifester de Civitas « nous a semblé clairement homophobe », a poursuivi Eloïse Bouton, racontant avoir vu des pancartes telles « les pédés au bûcher ».
L’une des ses coprévenues, Sarah Heulin, a quant à elle expliqué que le but n’était pas de provoquer les catholiques « en leur foi personnelle », que la cible était l’Eglise, « pas les croyants ».
Cette action était née d’une volonté de « réagir face à l’extrémisme », a renchéri Valérie Roussel. Les autres, absentes à l’audience, ont invoqué pendant l’enquête une « manifestation humoristique contre l’obscurantisme », qui ne voulait pas s’attaquer aux religieux mais aux « intégristes », à des groupes « souvent proches de l’extrême-droite ».
« Défense de circonstance », a rétorqué l’avocat de l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif), qui a porté plainte.
« Pas convaincue que l’ensemble des catholiques ait été visés », la procureure s’est prononcée pour la relaxe, soulignant que la liberté d’expression est « plus largement étendue » dans « un débat d’intérêt général ».
Arguments également développés par les avocats de la défense, qui ont plaidé la relaxe.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 16 février.
© 2015 AFP
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