Ne partons pas fâchés

Après les lolos, le pipi. Cinq militantes du groupe protestataire Femen ont uriné dimanche sur une photo du président Viktor Ianoukovitch, devant l’ambassade d’Ukraine à Paris, pour dénoncer la
répression de l’opposition à Kyiv. Seins nus, comme à leur habitude, le torse couvert de l’inscription «Ianoukovitch dégage!», culotte baissée, des fleurs dans les cheveux, elles ont longuement uriné (ou fait semblant à l’aide de poches d’eau) sur des photos du chef de l’Etat avant de quitter les lieux sans être inquiétées. Pas de raison de les arrêter en effet: si les chiens parisiens ont encore le droit, non de poser des crottes, mais de lever la patte sur les trottoirs, les femelles humaines peuvent revendiquer ce même droit.

Voilà donc née la pisslitique, ou l’ondinisme engagé. A Bruxelles, le Manneken-Pis, ce gamin qui pisse en bronze de cinquante centimètres de haut, symbolise depuis quatre siècles la résistance populaire et l’indépendance d’esprit des Bruxellois. De manière très injuste, la Jeanneke-Pis, qui a été installée non loin de son pendant masculin au milieu des années 80 en vertu de l’égalité entre hommes et femmes, symbolise l’affection et la fidélité. La fidélité contre la révolte et l’indépendance populaire, bonjour le cliché! Femen, groupe d’idéologie féministe, est donc bien inspiré de dégainer l’arme urinaire pour manifester son mécontentement.

Le problème n’est pas le pipi mais l’après-pipi. Pour choquer, il faut se lever tôt dans cet Occident qui a accueilli dans ses musées les plus officiels le Cloaca de l’artiste Wim Delvoye, soit une machine de douze mètres de long fabriquant du caca. C’est le problème des seins nus: une fois qu’on les a montrés une fois, deux fois, dix fois, ils n’émeuvent plus personne. Les Femen utilisent leur anatomie comme outil de communication: hélas, l’outil est devenu le contenu. L’information tartinée par les médias après leur prestation portait infiniment moins sur les dérives autoritaires du président Ianoukovitch (les manifestants en Ukraine sont autrement plus crédibles) que sur le fait que la bande des blondes sexy avait fait une pause pipi en plein Paris. C’est toujours mieux qu’à l’aire de Montélimar sur l’A7 en descendant chercher le soleil.

Via: hebdo.ch


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The mission of the "FEMEN" movement is to create the most favourable conditions for the young women to join up into a social group with the general idea of the mutual support and social responsibility, helping to reveal the talents of each member of the movement.

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