Cet été, Scout Willis, la fille de Bruce Willis et de Demi Moore, a fait sensation en se dénudant dans les rues de Manhattan au nom de l’égalité des sexes… mais ses photos poitrine à l’air ont été immédiatement censurées de son compte Instagram. Peu avant, Facebook avait déjà déclenché la polémique en bloquant des images de mères allaitant leur enfant et des photos de Joanne Jackson, une survivante du cancer du sein après sa mastectomie. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une révolution qui dépasse le cadre des réseaux sociaux.
Pour souligner les inégalités
A New York, découvrir ses petites pommes est autorisé par la loi depuis 1992, même si, en pratique, peu de femmes se risquent à braver la culture américaine puritaine. Pour changer les mentalités, Alethea Andrews a donc créé le Topless Pulp Fiction Appreciation Society, un club de lecture topless qui se réunit dans les parcs. "C’est injuste. Personne ne se retourne sur un homme torse nu, mais si une femme fait la même chose, on crie au scandale", regrette- t-elle. Récemment, elle a convié une dizaine de filles à bouquiner au soleil seins nus sur une pelouse le long de l’Hudson River. De nombreux passants se sont mis à tourner autour d’elles, se rinçant l’œil, leur iPhone en mode vidéo. Mais elles ont aussi recueilli des réactions encourageantes. "Vous avez raison, les soutiens-gorge, ça craint", a finalement lancé une promeneuse étouffant dans une robe bustier. "Nous sommes des hédonistes, pas des militantes", précise Alethea Andrews. "Oui, les seins peuvent être sexy, mais les lèvres et les yeux aussi, tout comme le torse de certains hommes, et on ne force pas les gens à les couvrir".
Son joyeux combat fait tant d’émules qu’il commence à ressembler une tendance de fond. A Los Angeles, l’actrice et réalisatrice Lina Esco a initié le mouvement Free the Nipple, tiré du film éponyme qui sortira l’an prochain. Grâce au soutien de ses copines Scout Willis, Miley Cyrus, Rihanna, Cara Delevingne et Lena Dunham, elle compte déjà 120 000 followers sur Twitter. "Je veux lancer un débat sur l’égalité, s’enflamme la réalisatrice, investie d’une mission. Le sein est le cheval de Troie qui renferme toutes les discriminations et les violences faites aux femmes."
Pour libérer les réseaux sociaux
Ce mouvement est-il transposable chez nous ? En France, il existe un flou juridique sur la question. Selon l’article 222-32 du code pénal, "l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende". Selon Christophe Colera, chercheur associé au laboratoire Culture et Sociétés en Europe à l’université de Strasbourg (CNRS), "c’est au juge ensuite qu’il appartient de déterminer ce qui relève de l’exhibition. Mais tant que des gens se sentiront offensés par la connotation sexuelle des seins, ce pourra être sanctionné. D’où les poursuites contre les Femen". Les poitrines nues ne sont admises qu’à la plage. En marbre, elles sont admirées dans les musées. Le sein est déshabillé au cinéma, utilisé par la pub et exploité par la mode. Mais gare à lui s’il devient rebelle ou trop voyant, comme la forme galbée qui a fait son apparition sur les photos de profil de Jennifer Lawrence au dernier défilé Dior.
Christophe Colera confirme : "En matière de nudité publique, tout est affaire de contexte, de taille des seins, d’intention attribuée à celle qui se dévêt. De plus, le sein se heurte à une série de tabous modernes liés au respect de l’enfance, aux minorités religieuses (intégristes chrétiens, musulmans, juifs, hindous, etc.), et au risque d’une instrumentalisation pornographique." La vague américaine devra batailler pour se faire une place dans l’Hexagone. Néanmoins, la guerre des seins a commencé… Et les partisanes de leur libération peuvent déjà se targuer d’une victoire : en juin, Facebook a assoupli son règlement. Le réseau social autorise désormais les photos d’allaitement et les images de mastectomie.
Ben - 29/08 à 12:21
Il y a quelques années, des femmes s'installaient seins nus près du parc de la Villette à Paris pour bronzer. Des hommes s'installaient à l'ombre en face d'elles manifestement dans le but unique de regarder. La situation n'était sans doute pas très agréable pour elles. La liberté n'est pas forcément facile à assumer...
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