Pussy Riot : le pouvoir russe toujours en chasse

La police recherche d'autres membres du groupe. Une militante des Femen et l'opposant Garry Kasparov sont également ciblés pour leur soutien aux trois jeunes femmes.

Nadejda Tolokonnikova, Ekaterina Samoutsevitch et Maria Alekhina envoyées en camp pour deux ans, l’affaire Pussy Riot n'est pas tout à fait close pour autant. La police russe est toujours à la recherche des autres membres du groupe présentes dans la cathédrale du Christ-Sauveur le 21 février à Moscou pour la «prière punk» qui a déchaîné les foudres de l’Eglise orthodoxe et de Vladimir Poutine. Ce jour-là, cinq femmes au moins portaient dans l'église la cagoule devenue marque de fabrique des Pussy Riot. Trois ont été interpellées et condamnées.

A lire :  le texte en français de la «prière»

Lundi, les autorités russes ont fait savoir qu’elles tentaient d’identifier et de retrouver plusieurs autres militantes.

Autre cible, les Femen. Ce groupe de militantes qui manifestent seins nus est dans le collimateur de la justice pour leur soutien aux Pussy Riot. Vendredi 17 août, jour du verdict, l'Ukrainienne Inna Shevchenko avait manifesté son soutien en tronçonnant une croix érigée dans le centre de Kyiv.

An activist from women's rights group Femen uses a chainsaw to cut down a Christian cross, erected in memory of victims of political repressions under the Soviet dictator Josef Stalin regime, near the Oktyabrsky Palace in central Kyiv, August 17, 2012. Activists organized the demonstration to support jailed members of the female punk band Pussy Riot, according to participants.  REUTERS/Anatolii Stepanov  (UKRAINE - Tags: CIVIL UNREST POLITICS CRIME LAW RELIGION) TEMPLATE OUTInna Shevchenko à Kyiv vendredi. (Photo Anatolii Stepanov. Reuters)

A l’instar de ses cousines russes, l’activiste est visée à son tour pour «hooliganisme» par les autorités de son pays. Dès le 17 au soir, la police encerclait le local du mouvement ainsi que le domicile de la jeune femme, a rapporté le collectif.

Fin juillet, Inna Shevchenko s'en était déjà pris de front, littéralement, au patriarche de l’Eglise orthodoxe russe Kirill pour protester contre son rôle dans la détention des Pussy Riot. Elle s'était jetée sur lui à sa descente d’avion à l’aéroport de Kyiv, «Kill Kirill» («Tuer Kirill») écrit sur son dos nu.

Security guards detain an activist (L) from women's rights group Femen as she protests against the visit of the head of the dominant Russian Orthodox Church, Patriarch Kirill (R), in Ukraine in Borispol airport, near the Ukrainian capital of Kyiv July 26, 2012. REUTERS/Gleb Garanich (UKRAINE - Tags: CIVIL UNREST RELIGION POLITICS TPX IMAGES OF THE DAY)Le 26 juillet à Kyiv. (Photo Gleb Garanich. Reuters)

Quant à l’opposant et ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov, interpellé ce même vendredi devant le tribunal de Moscou qui jugeait les Pussy Riot, il risque cinq ans de prison. Les autorités l’accusent d’avoir «mordu un policier». Ce qu’il nie : «Cela me fait de la peine si le policier s’est blessé à la main quand il m’a frappé à la tête», ironise-t-il sur Twitter. «On peut voir dans de nombreuses vidéos sur Internet que des policiers m’ont interpellé au moment où je parlais à des journalistes et qu’ils m’ont frappé ensuite», a-t-il également écrit sur son site, images à l'appui :

Les autorités, elles, montrent qu'elles prennent ça très au sérieux. Le vice-Premier ministre en personne, Dmitri Rogozine, a réclamé que soit donné à la victime un vaccin contre la rage.

En attendant, les Pussy Riot, même détenues, n’ont pas dit leur dernier mot. Le jour même de leur condamnation, une nouvelle chanson, «Poutine allume le feu de la révolution», était mise en ligne. «Vous ne pouvez pas nous clouer dans un cercueil/Débarrassons-nous du joug de l’ancien KGB », clament-elles. «Le pays est en marche pour dire adieu au régime [...] et Poutine s'en ira comme un mouton.»  Le texte est traduit en anglais sur le site du Guardian

Et hier mardi, elles ont décidé de «faire enregistrer le nom de leur groupe en tant que marque commerciale, ce qui leur permettra de porter plainte contre ceux qui tentent de gagner de l’argent sur leur nom», rapporte le journal russe en ligne Vzgliad, traduit par Courrier international. La notoriété du groupe ayant explosé avec la détention puis la condamnation des trois jeunes femmes, cagoules et tee-shirts à leur effigie ont commencé à être mis en vente sur Internet.

Jusqu’au verdict, les Pussy Riot ont clamé leur détermination et leur conviction d’avoir mené une action juste contre un système vicié. «Nous sommes innocentes, le monde entier le dit. Le monde entier le dit pendant les concerts, le monde entier le dit sur Internet, le monde entier le dit dans la presse et dans les Parlements», a écrit Maria Alekhina, 24 ans, dans un long texte lu au procès par son avocate et que l’on peut lire en français sur le site des Inrocks.

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Via: liberation.fr


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