Quatre mois de prison pour les trois Femen à Tunis

Le procès avait tourné court la semaine dernière. Hier, le tribunal de Tunis est entré dans le vif du sujet. Les trois Femen, qui ont comparu en safsari (tenue traditionnelle) mais tête nue, avaient l’air plus assurées. Seules Pauline Hillier, la Française, et Marguerite Stern, l’Allemande, ont répondu de leur action seins nus devant le palais de justice. Elles ont expliqué que le bureau de Paris avait décidé de leur action ; qu’elle avait été financée par la vente de produits dérivés et de musique en ligne ; qu’elles n’avaient aucune intention de heurter la sensibilité arabo-musulmane mais seulement de soutenir Amina, la Femen tunisienne emprisonnée à Kairouan : « Notre nudité n’a aucun caractère sexuel, c’est un acte politique symbolique. » Au juge, elles ont dit être prêtes à recommencer leurs actions à travers le monde, et avoir déjà été arrêtées dans leurs pays d’origine, mais « seulement pendant quelques heures ».

Dans une salle d’audience troublée par les allées et venues des avocats, qui ont eu le don d’agacer le président du tribunal, c’était au tour des avocats des parties civiles de plaider. La voix tendue et sans se nommer, celui qui avait mercredi dernier refusé de parler à la presse française juge « inacceptable » que les accusées aient « osé toucher à notre identité tunisienne ». Et de plaider : « C’est l’islam qui a donné la liberté à ma mère et à ma sœur, qui a protégé la femme et l’a libérée de l’esclavage de son corps. »

« Des choses plus graves »

Et la colère de l’avocat monte : « Ce complot touche les moralités tunisiennes. Elles sont en relation avec Amina, veulent ouvrir un bureau en Tunisie, et ce n’est pas un hasard que ce soient deux Françaises et une Allemande : pourquoi n’ont-elles pas été arrêtées à leur arrivée en Tunisie ? Parce qu’elles n’ont pas de barbe ! Il n’y a que les salafistes qui sont arrêtés dans ce pays. »

Après des échanges aigres-doux avec les avocats de la partie civile, sous l’œil des diplomates français et allemands, la défense a la parole. Les avocats français ne se sont pas déplacés, un collègue tunisien, Me Soued Bahri, se lance : « L’Islam est-il si faible que nous ayons peur de jeunes filles dénudées devant un tribunal ? Leur faute, matérielle, ne mérite qu’une amende. Des événements bien plus graves se passent ici : les bombes qui sautent au mont Chaambi, l’attaque de l’ambassade américaine, l’affaire de La Manouba. Ces jeunes filles sont venues soutenir Amina, pas attenter aux intérêts de la nation comme certains le prétendent. »

Deux conceptions de la Tunisie s’affrontaient dans le prétoire. Le verdict est tombé : quatre mois de prison ferme. La défense va faire appel.

Via: sudouest.fr


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