Report du verdict en appel d’Amina

Le tribunal tunisien a décidé jeudi 4 juillet de reporter d'une semaine le procès en appel d'Amina Sboui, dans l'attente d'informations supplémentaires concernant une bonbonne de gaz qui aurait été saisie auprès de cette militante des Femen lors de la manifestation de Kairouan.

Amina avait été arrêtée le 19 mai, après avoir peint des graffitis sur un mur proche de la mosquée de Kairouan où Ansar al-Sharia envisageait de tenir son congrès.

Amina, qui a comparu devant le tribunal durant sa détention, a refusé de porter le sifsari, une robe blanche traditionnelle tunisienne portée par les femmes lors d'un procès.

  • [AFP/Salah Habibi] Amina Sboui comparaît devant le juge chargé de l'enquête au tribunal de Kairouan, le 5 juin 2013.

Contrairement à la confirmation apportée par les militants des droits de l'Homme selon lesquels la justice tunisienne insiste sur la nécessité de porter le sifsari lors de procès publics, Bochra bel Hadj, avocate et militante des droits des femmes, a expliqué à Magharebia qu'il s'agissait d'une "procédure utilisée seulement par l'administration pénitentiaire".

Elle a raillé cette procédure, affirmant : "Que font les hommes pour se cacher le visage, lorsqu'ils comparaissent devant un tribunal pour des motifs plus sérieux ?"

Souhieb Bahri, l'une des avocates d'Amina, a expliqué que les femmes accusées dans des affaires de mœurs, sont contraintes de porter le sifsari.

Mais des témoins oculaires présents à l'audience ont indiqué qu'Amina avait déclaré au juge : "Je ne porterai pas le sifsari, parce que mon procès est de nature politique, et n'est pas lié aux mœurs."

Lina Ben Mhenni, membre du comité de soutien baptisé "Amina Femen", a pour sa part indiqué que "voyant le sourire d'Amina lorsqu'elle est entrée dans la salle d'audience, je me suis sentie plus forte que jamais". Cette blogueuse et professeur à l'université a salué "la patience et le courage d'Amina".

Mercredi, l'équipe des avocats chargés de la défense d'Amina a tenu une conférence de presse lors de laquelle elle a réaffirmé l'innocence de sa cliente.

"Elle a été détenue en violation du droit, et ils ont monté de toutes pièces de fausses accusations contre elle. Il s'agit d'une atteinte manifeste aux libertés individuelles", a expliqué Sadek Ben Mhenni, universitaire et porte-parole de l'équipe de défense d'Amina.

Pour sa part, Radhia Nasraoui, juriste et militante des droits de l'Homme, a commenté l'accusation d'appartenance à un groupe visant à s'en prendre aux personnes et aux biens. "Ce type d'accusation me rappelle celles que le régime de Ben Ali utilisait contre les salafistes", a-t-elle expliqué.

"Le but d'une telle accusation est d'exercer une vengeance contre Amina, et cette affaire n'augure rien de bon, notamment lorsque l'on sait que le magistrat chargé de l'enquête souhaite la libérer, mais que le procureur général n'a aucune intention de le faire", a-t-elle ajouté.

Si elle est reconnue coupable, Amina est passible d'une peine de prison allant de cinq à vingt ans.

Ce procès a suscité un vaste débat au sein de l'opinion.

"Pourquoi les trois militantes européennes qui avaient organisé une manifestation seins nus devant le Palais de Justice ont-elles été libérées, alors qu'Amina est encore détenue ?", s'est interrogée Meryam Azizi, étudiante d'une vingtaine d'années. "Pourquoi ceux qui ont incendié une ambassade ont-ils bénéficié d'un sursis de leur peine ? C'est une situation confuse qui soulève des interrogations quant au fait que le procès d'Amina est lié à des motifs politiques", a-t-elle ajouté.

Neila Abdelli, enseignante de 25 ans, s'est toutefois moquée de ce qu'elle estime être une campagne publique exagérée pour "une fille qui a défié la société et n'a pas respecté nos coutumes et nos traditions".

"N'a-t-elle pu trouver une autre manière d'exprimer son opinion et sa désapprobation ? Elle est la honte des femmes tunisiennes", a-t-elle ajouté.

Taoufik Khiari, employé de 50 ans, affirme pour sa part : "Je ne défends pas Amina, mais je défends une adolescente qui mérite la compassion. À cet âge, tous les types d'aventures sont possibles. Pouvons-nous comparer la peine requise contre Amina à la peine bienveillante prononcée à l'égard de ceux qui ont menacé la sécurité nationale du pays ?"

Pour sa part, le quotidien al-Chorouk a indiqué dans son édition du 4 juillet que la chambre pénale de la cour d'appel avait décidé mercredi 3 juin de libérer provisoirement Salem Abid, un accusé salafiste, et d'ajourner son procès à la fin du mois.

Abid avait au préalable été reconnu coupable d'avoir fabriqué des explosifs et d'avoir tenté de s'évader de prison par la 5ème chambre pénale du tribunal de première instance, et avait été condamné à dix ans de prison. Son avocat avait toutefois insisté sur son innocence et déféré son procès devant la cour d'appel.

Via: magharebia.com


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