Elle est là, amaigrie et fatiguée, posée sur le divan d'une amie parisienne. Ses bagages ne sont même pas encore arrivés. En attente, quelque part dans l'inachevé, comme elle, Amina Sboui, qui émerge de son Tunis-Paris? On peut désormais écrire son nom. Décrire son destin, le récapituler ou l'anticiper, c'est autre chose. En 6 mois, cette jeune fille de 18 ans a fait davantage que beaucoup de ses ainées, même féministes, en 30 ans.
Le dévoilement sur sa page Facebook de son buste nu et calligraphié, le 1er mars, d'un sublime Mon corps m'appartient, il n'est l'honneur de personne lui a fait frôler la mort, endurer la séquestration familiale, puis l'opprobre de la société, y compris de la bonne société tunisienne progressiste, et enfin subir la prison. Elle était totalement seule, dans la lumière d'un acte individuel, saisi au vol sur l'éventail des révoltes radicales. Elle avait choisi Femen, elle s'était surtout choisie elle-même comme miroir de la condition infâme des femmes. Scandale à Tunis.
Elle a quitté Femen. Scandale à Paris. Il semble qu'une jeune fille arabe n'ait jamais le droit d'osciller, de tanguer, de crier alors que sa vie tente de se frayer un chemin dans une société natale en convulsion, dans un monde maternel dévorant.
Lire la suite sur le blog de Martine Gozlan
Via: marianne.net
Short link: Copy - http://whoel.se/~Ui0bD$47z