Paris (AFP) - Les trois militantes du groupe féministe Femen, libérées dans la nuit à Tunis après presque un mois de détention pour une action seins nus, sont arrivées jeudi à Paris où elles ont raconté les conditions de détention déplorables qui les ont poussées à exprimer des regrets.
Alors que leur camarade tunisienne Amina Sbouï reste emprisonnée, les deux Françaises Pauline Hillier et Marguerite Stern ainsi que l'Allemande Josephine Markmann ont atterri peu avant 11H30 à l'aéroport de Paris-Orly. Elles ont été accueillies par la chef de file des Femen en France Inna Shevchenko et par leur avocat Me Patrick Klugman.
Les trois militantes avaient été libérées quelques heures après leur condamnation en appel en Tunisie à une peine de quatre mois et un jour avec sursis. Lors de l'audience d'appel mercredi, elles avaient pour la première fois exprimé des regrets pour leur action seins nus du 29 mai à Tunis en soutien à Amina.
"Ce qu'elles ont exprimé, c'est des regrets sur la façon dont leur action a été perçue", a précisé jeudi à l'aéroport Me Klugman.
"On ne regrette rien, si c'était à refaire, on le referait", ont ensuite expliqué les trois jeunes femmes, lors d'une conférence de presse organisée dans l'après-midi au QG des Femen, le Lavoir moderne parisien.
"On a exprimé des regrets uniquement sur les conseils de l'ambassade qui nous a dit que c'était notre seule chance de ne pas passer quatre mois en prison", a indiqué Josephine Markmann, 20 ans. "Nous avions peur que passé un tel délai, nous ne puissions plus jamais être des Femen".
Les trois jeunes femmes ont en effet décrit des conditions de détention déplorables et susceptibles de mettre gravement leur santé en danger.
Humiliations
"Nous avons connu deux prisons", a raconté Pauline Hillier, 26 ans. "Dans la première, où nous n'avons heureusement passé qu'un jour, vous dormez dans des couvertures pleines d'urine et tâchées de sang".
"La deuxième prison était aussi bien loin de respecter les droits de l'Homme", a continué la jeune femme, décrivant des "humiliations physiques, comme les fouilles au corps, où il faut se déshabiller entièrement et se mettre accroupi".
Visiblement émues et éprouvées, elles ont aussi raconté l'absence de draps, de vêtements, de douches, la cellule de 50m2 partagée avec 25 personnes, les cafards et "la tyrannie religieuse, partout".
"Voilà ce que c'est d'être une prisonnière en Tunisie", a-t-elle conclu, parlant d'un "État liberticide".
Elles ont promis que tant qu'Amina ne serait pas sortie de prison, elles continueraient "le combat".
En première instance, les jeunes femmes avaient été condamnées à quatre mois et un jour de prison ferme, une peine dont la sévérité avait suscité les regrets de la France, l'Allemagne et l'Union européenne.
L'action seins nus avait été mal perçue en Tunisie, dirigée par le parti islamiste Ennahda, jusque dans les rangs de l'opposition laïque et des féministes tunisiennes.
Les ONG de défense des droits de l'Homme avaient estimé que, même si l'action pouvait être jugée choquante, elle relevait de la liberté d'expression et ne devait pas être passible de prison.
Jeudi matin, le gouvernement français a fait part de son "soulagement" après leur libération, une décision qui survient peu avant une visite début juillet dans ce pays du président François Hollande.
Le PS et le PCF se sont aussi réjouis de cette libération, mais se sont déclarés "préoccupés" et "mobilisés" par le sort d'Amina Sbouï
Celle-ci attend en détention provisoire de savoir si elle sera inculpée pour avoir peint le mot "FEMEN" sur le muret d'un cimetière à Kairouan, à 150 km au sud de Tunis, pour protester contre un rassemblement de la mouvance salafiste.
Si elle est inculpée, la jeune femme risque deux ans de prison pour profanation de sépulture et six mois pour atteinte aux bonnes mœurs. Ces peines peuvent être alourdies si Amina est reconnue coupable d'avoir agi en bande organisée.
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