Les deux protestataires ont fait irruption sur la scène, seins nus, au moment où l'archevêque de Québec, Gérald Cyprien Lacroix, prenait la parole.
« Fuck your morals », ont-elles scandé pendant que des policiers s'activaient à les évincer des lieux.
L'une des manifestantes, Delphine Bergeron, dit avoir agi dans l'espoir d'envoyer un message aux militants antiavortement.
« Mon corps, mes règles, a résumé Mme Bergeron. Ce sont les gens qui ont un utérus qui ont le droit de parole dans ce débat-là. »
Elle s'oppose à ce que le droit à l'avortement soit remis en question dans un « pays libéral » comme le Canada. Elle a par ailleurs salué le travail des policiers, louant son professionnalisme lors de son arrestation.
« Ils ont été polis, courtois, délicats, même. On en vient à compter les bleus après ce type de manifestation, et j'ai à peine une égratignure. »
Libérée une vingtaine de minutes après son arrestation, Mme Bergeron n'a pas été mise à l'amende pour son coup d'éclat. Elle se voit interdite d'accès à la colline parlementaire pour six mois. Elle n'exclut pas de perturber la « Marche pour la vie » l'an prochain.
Les organisateurs de la marche n'ont pas laissé l'incursion des Femen interrompre leur programme.
« Je comprends qu'il peut y avoir des gens qui sont choqués contre nous, a dit Georges Buscemi, de la campagne Québec-Vie. Je sais que c'est un débat difficile parce qu'on est en train de mettre deux droits l'un contre l'autre. Alors on perçoit l'enfant à naître comme étant l'ennemi qui va diminuer ma dignité et c'est ça qu'il faut dépasser. »
La GRC confirme que 6000 à 8000 personnes ont pris part à la « Marche pour la vie », une manifestation annuelle organisée par le groupe Campaign Life Coalition.
Les organisateurs souhaitaient à la fois forcer la main aux élus fédéraux pour qu'ils balisent le droit à l'avortement. Ils ont aussi dénoncé l'approbation possible par Santé Canada d'un médicament utilisé dans les avortements et qui pourrait avoir des effets secondaires importants chez les mères.
« Au Canada, nous avons l'avortement sur demande, a indiqué le porte-parole du groupe, Matt Wojciechowski. Et malheureusement, il y a certaines personnes, y compris des politiciens, qui veulent favoriser encore davantage l'accès à l'avortement. »
Comme c'est le cas chaque année, une quinzaine de députés conservateurs ont participé au rassemblement. Ils ont du coup défié leur chef, Stephen Harper, qui a maintes fois répété qu'il n'a aucune intention de rouvrir le débat sur l'avortement.
Royal Galipeau, député d'Ottawa-Orléans, participe à la marche chaque année. Arborant un chandail du Canadien de Montréal, il a acquiescé le fait que son gouvernement ne remettra pas en question le droit à l'avortement.
« Il y a au sein du Parti conservateur une liberté d'expression et, profitant de cette liberté d'expression, il y a un certain nombre de parlementaires qui ont exprimé leur opinion pro-vie, a indiqué M. Galipeau. C'est probablement le parti le plus tolérant de la liberté d'expression. »
Son collègue Brad Trost, député de Saskatoon-Humboldt, a souligné que la majorité des députés fédéraux de sa province sont opposés à l'avortement.
« Continuez, continuez votre bon travail, a-t-il lancé aux manifestants. Un jour, le reste du pays sera comme la Saskatchewan. »
Avec Christiane Desjardins et Vincent Larouche
Via: lapresse.ca
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