DROITS DES FEMMES • Femen, une vision passéiste du monde …

Les tactiques et
le langage du groupe féministe Femen provoquent à nouveau un débat agité. Né en
Ukraine, ce mouvement, qui manifeste seins nus pour faire connaître les droits des
femmes, a lancé le 4 avril la "journée internationale du djihad seins nus". Cette
journée d'action était une réaction aux menaces reçues par Amina Tyler, une
militante tunisienne, pour avoir posté des photos d'elle seins nus sur
Facebook.

Avec des slogans
comme "La nudité, c'est la liberté" et des déclarations du type :
"Les manifestations seins nus sont l'étendard de la résistance des femmes,
le symbole du fait que la femme obtient ses droits par son propre corps",
Femen proclame que le fait d'enlever ses vêtements en public est le meilleur moyen
de faire prendre conscience des droits des femmes et que tous les autres sont
insuffisants et, de toute façon, voués à l'échec. Le groupe considère donc les
pays d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et les communautés originaires de ces
pays vivant en Europe comme loin d'être à la hauteur en matière de droit des femmes.

Un discours qui alimente le racisme

Femen souhaite
"transformer la subordination sexuelle féminine en agression et ainsi
commencer la vraie guerre", uniquement en montrant des seins nus. Afficher son corps dénudé peut être une forme légitime de protestation en
dernier recours – c'est un moyen fréquemment utilisé hors d'Europe.
Cependant, l'usage qu'en font les Femen alimente le racisme et le discours
orientaliste sur les femmes et les hommes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
En déclarant, par exemple : "En tant que société, nous n'avons pas été
capables d'éradiquer notre mentalité arabe envers les femmes", Femen
présente celles d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient comme voilées et opprimées
par leurs hommes et les oppose ainsi aux femmes éclairées et libérées de l'Occident,
qui vivent dans une société développée et supérieure où elles ont la
"liberté" d'enlever leurs vêtements.

Nous savons que
ce n'est pas vrai. Toutes les femmes non occidentales ne sont pas opprimées (et
toutes les femmes opprimées ne sont pas non occidentales) et tous les hommes
non occidentaux ne sont pas des oppresseurs. Les Européennes, Etasuniennes, Canadiennes, Australiennes et Néo-Zélandaises ne vivent pas dans un
paradis féministe. Il existe aussi des mouvements dynamiques pour les droits des femmes en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Le féminisme appartient à toutes les
femmes, partout.

"Féminisme colonial"

Ses partisans
avanceront peut-être que Femen a de bonnes intentions, mais les bonnes
intentions sont loin de suffire. Il existe depuis longtemps un certain
féminisme colonial, dans lequel des personnes extérieures pleines de "bonnes
intentions" font appel à des notions racialisées pour "sauver les
femmes de là-bas". Ce genre de chose est extrêmement néfaste, par exemple
quand les communautés visées réagissent à ce défi extérieur en s'accrochant à
des notions statiques de "culture" et de "tradition". Les
droits des femmes deviennent un champ de bataille et les féministes de ces
communautés se retrouvent souvent coincées entre le désir de rejeter
les idées racistes et la volonté de remettre en cause le comportement des
hommes non occidentaux.

Femen persiste
dans ses tactiques et son langage, et refuse de s'attaquer à son racisme
flagrant. Quand on se fait critiquer par ceux "pour" qui on
se bat, on devrait s'interroger sur ses actions. A en juger par ses dernières
déclarations, Femen ne montre aucun signe de réflexion sur ses actions ou sur une éventuelle prise en compte des critiques des militantes pour les droits des femmes
d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le groupe cherche seulement à s'agrandir.
Pour paraphraser Gayatri Spivak [auteure et théoricienne de la littérature], ce ne sont pas les femmes blanches qui
sauveront les femmes non blanches des hommes non blancs. Les féministes de
l'étranger devraient soutenir le travail des femmes des communautés concernées
et non aggraver le problème. La solidarité des féministes du monde entier est
essentielle, mais ce n'est pas en agissant ainsi qu'on y parviendra. Un
véritable allié ne se sert pas du racisme pour lutter contre le patriarcat.

Via: courrierinternational.com


Short link: [Facebook] [Twitter] [Email] Copy - http://whoel.se/~DNy4E$2ey

This entry was posted in FR and tagged on by .

About FEMEN

The mission of the "FEMEN" movement is to create the most favourable conditions for the young women to join up into a social group with the general idea of the mutual support and social responsibility, helping to reveal the talents of each member of the movement.

Leave a Reply