9h02: moins de trente minutes avant le début de l'audience, ce mardi, une Audi aux vitres fumées fait son apparition dans les rues de Lille. A l'intérieur se trouve Dominique Strauss-Kahn. Alors que le véhicule de l'ex-président du Fonds Monétaire International (FMI) ralentit devant le Tribunal correctionnel, des hurlements surgissent de la foule de journalistes réunis pour l'occasion. Trois femmes s'en extirpent, enlèvent leurs hauts à la vitesse de l'éclair et se retrouvent seins nus, comme en témoigne La Voix du Nord. Ce sont des Femen. Un message écrit à la peinture noire barre leur torse: « Macs et clients, déclarés coupables » ou encore « Your turn to be fu***d ». Les mêmes slogans qu'elles crient à tue-tête alors qu'elles se précipitent sur la berline allemande. Un cordon de sécurité composé de quelques membres des forces de l'ordre est pourtant présent. Il est pris par surprise. L'une des trois femmes parvient à escalader le véhicule tandis que ses camarades l'encerclent. La police intervient alors. Les officiers plaquent les jeunes femmes au sol et tentent, tant bien que mal, de recouvrir leurs torses. Pendant ce temps-là, la voiture de DSK s'éloigne discrètement de la scène et s'engouffre dans le parking souterrain du tribunal.
9h25: Dominique Strauss-Kahn entre dans la salle d'audience. Costume sombre, visage fermé, DSK a désormais deux jours et demi pour convaincre. Il est soupçonné de proxénétisme aggravé. Moins de cinq minutes après qu'il s'est installé au premier rang de la salle, le président du tribunal, Bernard Lemaire, fait son entrée. La séance peut enfin commencer. Durant la première heure, DSK écoute, impassible, les témoignage de David Roquet et Fabrice Paszkowski. Deux des organisateurs de soirées dans lesquelles le président du FMI de l'époque croisait de nombreuses prostituées. Roquet insiste, aujourd'hui encore, ne jamais avoir précisé à Dominique Strauss-Kahn que les filles en question étaient des professionnelles. A 10h45, DSK se présente enfin à la barre. Il y témoigne durant environ une demi-heure. Côté finances, l'ancien éléphant du PS précise qu'il a touché 2,4 millions d'euros de dividendes en 2014, et 10.000 euros de revenus. Il revient rapidement sur son travail de l'époque et déclare, sûr de lui: « Quand j'étais au FMI, avec la crise des subprimes, nous avons sauvé la planète d'une des plus graves crises financières ». Avant de quitter la barre, il répète une dernière fois ne pas avoir su que les femmes qu'il rencontrait lors des soirées organisées par ses amis étaient des prostituées. Il rejoint alors sa place, au premier rang de la salle d'audience et écoute patiemment le témoignage de l'une de ces femmes. Il sera confronté à plusieurs d'entre elles d'ici au 20 février (date fixée pour la fin du procès). S'il est reconnu coupable, DSK encourra jusqu'à dix années de prison et 1,5 million d'euros d'amende. Une sanction qui pourrait mettre définitivement un terme à ses nombreuses ambitions.
Des militantes femen manifestent à l'arrivée de DSK au tribunal de Lille en criant « your turn to be fucked! » pic.twitter.com/YOk8Cd0gxc
— Antson Franck (@FAntson) 10 Février 2015
Crédits photos : Darko Vojinovic/AP/SIPA
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