Eloïse, ex-Femen, mais toujours féministe

Dans un livre, la journaliste et ex-Femen Éloïse Bouton raconte son expérience: la suprématie de l’Ukrainienne Inna Shevchenko, les guerres d’ego et le fonctionnement d’un mouvement qui marche au buzz.

Comme beaucoup de féministes, elle aimerait que la journée de la femme ne soit plus nécessaire mais elle participera, non pas à une, mais à deux marches parisiennes, pour célébrer des nuances qui lui ont manqué dans le mouvement ukrainien.

Pourquoi avoir participé à la création de la branche française de Femen?

J’ai trouvé l’action qu’elles avaient faite devant le domicile de DSK en novembre 2011 géniale. Surtout qu’elles venaient d’Ukraine et que nous, féministes françaises, on n’avait rien fait.

Engagée depuis longtemps, la nudité vous a donné l’impression d’être soudain plus entendue…

Geneviève Fraisse fait le lien entre nudité et vérité. Dans l’Antiquité la vérité était représentée comme une femme nue sortant d’un puits. Porter un slogan sur son corps nu renforce la vérité du message et fait passer la femme du statut d’objet à sujet. Dans mon entourage, ça a fait la même chose, comme si le fond de mon engagement était plus compris. La dangerosité a joué aussi, ils se sont dit que si j’étais prête à prendre ces risques, c’est que j’étais sincère.

Pourquoi avoir quitté le mouvement?

À cause d’une lassitude face à l’absence de remise en question, de problèmes de communication et de confiance. Au bout d’un moment je me suis demandée si ce n’était pas une stratégie d’entretenir un mystère autour de Femen, de ne pas clarifier le message.

Vous regrettiez aussi un manque de transversalité…

Lutter pour les femmes, c’est lutter pour les noirs, pour les handicapés, pour les obèses, pour les homosexuels. Tout est lié pour moi. Au début, j’ai aimé le combat contre les dictatures ou contre les institutions religieuses, ce sont les seules féministes que je trouvais aussi virulentes sur ce sujet. Mais au final, en étant transversales sur les causes, ça ne l’était pas sur l’image: il y avait une image monolithique d’une forme de féminité (une femme blonde avec des cheveux longs, qui se maquille).

Comment percevez-vous ces actions Femen contre la religion?

Comme beaucoup de choses, je pense que ça manquait souvent de nuances. Les musulmans par exemple sont une minorité et sont déjà discriminés. Taper dessus, c’est tirer sur l’ambulance. Ça ne veut pas dire que je suis d’accord avec la religion musulmane, mais il ne faut pas faire l’amalgame entre des politiciens en Iran, en Syrie et des musulmans bien intégrés en France et déjà traités de «sales Arabes» tous les jours.

Vous avez été condamnée pour «exhibition sexuelle» suite à une action pro-IVG. Vous souhaitez une requalification…

Mon but est de changer la loi. J’ai lancé une pétition, je rencontre régulièrement des députés et sénateur. Ça soulève de vraies questions: pourquoi un homme torse nu n’est pas exhibitionniste? Pourquoi les seins de femmes sont plus érotiques que ceux des hommes? Pourquoi voit-on des filles à poil partout dans la rue, sur les magazines sans que ça soit un problème?

Quels sont les «nouveaux visages» du féminisme?

Il y a un féminisme 2.0, il y a beaucoup de blogs, de tumblr. J’ai été interpellée ces derniers temps par les Georgette Sand, sur la taxe rose et puis par Charlotte de Bruges, LoL avec les connes. Il y a aussi des mini-séries comme Filles d’aujourd’hui sur Canal + . Ces petites choses font avancer sans que les non-féministes s’en rendent compte.

Via: lavenir.net


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The mission of the "FEMEN" movement is to create the most favourable conditions for the young women to join up into a social group with the general idea of the mutual support and social responsibility, helping to reveal the talents of each member of the movement.

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