Jusque-là, seules quelques photos de femmes seins nus, au visage toutefois couverts, étaient postées sur la page Femen Maroc, créée en mars dernier. Mais depuis quelques heures, les choses prennent une tout autre tournure. Une des militantes du mouvement a posté, jeudi soir, une photo d’elle seins nus au royaume, brandissant une banderole sur laquelle est écrit le slogan « Free Femen », en soutien à sa « consœur » tunisienne Amina, détenue depuis mai dernier pour avoir tagué « Femen » dans un cimetière à Kairouan.
Il y en aura des millions
Le cliché en question a été capturé en plein jour, sur le toit d’un immeuble d’Essaouira, à en croire une grande partie des commentaires. Il pourrait, toutefois, s’agir de Safi ou encore d’El Jadida. La jeune fille qui y pose ne dévoile pas son nom ni sa nationalité. Elle a, néanmoins, écrit un message sur son corps, annonçant l’arrivée en masse des Femen au Maroc. « Nous serons des millions du Maroc à la Tunisie! », prévient-elle. La photo n’a, bien évidement, pas manqué de faire polémique parmi les internautes, provoquant une marée de commentaires très partagés sur la toile.
« Il est évident qu'aux yeux des Femen, la libération a une signification très précise : elle consiste à se libérer de la religion, de la culture et des codes vestimentaires oppressifs. Selon ce point de vue, plus vous êtes habillées, plus vous êtes opprimées. Ce n'est que dans ce contexte que le fait de se dénuder peut être considéré comme un processus émancipateur. Or ce genre de logique lie la libération des femmes à leur corps et à la façon dont elles s'habillent, ce qui est extrêmement problématique. Qui décide que tel ou tel vêtement féminin est oppressif ou non ? », s’interroge Mehdi Boustaking.
« Vous voulez faire passer un message ou une idée, écrivez un texte, une lettre, un bouquin, un poème, dessinez un tableau, chantez une chanson, mais écrire des stupidités sur vos seins et essayez de toucher le public avec ça, je pense que vous devriez déjà le savoir, les gens seront contre vous, donc à quoi ça sert ? (…) Vous n'allez rien changer comme ça », estime Oumaïma Haitof.
Le Maroc n’est pas Tunisie
Pour Zina Tazi, « là, ça passe sur les toits ». Et de poursuivre : « Surtout ne marchez pas topless dans les rues au Maroc!! Bon courage ». Rachida Dayma, elle, prévient la jeune Femen qu’au Maroc, la situation est très différente de la Tunisie. « J’attends avec impatience qu’elles se manifestent au Maroc! Attention ça ne rigole pas là-bas! Le Maroc ce n’est pas la Tunisie! », écrit-elle.
D’autres n’hésitent pas à faire part de leur soutien à la jeune fille. « Bravo madame et courage face à ces dégénérés du cerveau !!! Tu as le courage de faire explicitement ce que des milliers de femmes du Maroc rêvent implicitement de faire ! Marre de cette hogra des femmes!!! », s’insurge Amine Firdaous. « Aujourd'hui, quand on va à la plage on voit des hommes torse nu, alors que les femmes doivent porter le soutient gorge, ça doit être optionnel, de le porter ou pas. Finalement, le corps de la femme ne doit pas provoquer des émeutes, des cris et des arrestations », fait valoir de son coté Hassan Benmessaoud.
Les Femen, mouvement féministe né en Ukraine en 2008, a pour but de défendre les droits des femmes. Ce n’est que trois ans après sa création, en octobre 2011, que le mouvement débarque en France, puis plus récemment, au Maghreb. En Tunisie, Amina Sbouï, principale figure des Femen dans le pays, qui pour rappel est dirigé par le parti islamiste Ennahda, est actuellement en détention provisoire. Elle sera deferée en justice pour avoir peint FEMEN sur le muret d’un cimetière à Kairouan, à 150 km de la capitale. Selon l’AFP, elle risque jusqu’à deux ans de prison pour profanation de sépulture et six mois pour atteinte aux bonnes mœurs.
Via: yabiladi.com
Short link: Copy - http://whoel.se/~6Ny4E$3QW