Philippe Marion, qui était l'invité de notre chat ce mardi midi, parle de "scénario de la provocation". Le spécialiste UCL de la narratologie visuelle explique qu'"il y a tellement d'images qui circulent qu'on assiste à des illustrations de plus en plus choquantes". "On monte chaque fois d'un cran pour que le message reste, pour l'imposer comme un coup de poing" ajoute-t-il.

A force de matraquage d'images choc ou provocantes, les acteurs risquent-ils d'éloigner le public du message ? Pour Philippe Marion, "le risque est que l'image perde son rapport au réel", et se désolidarise ainsi de son objectif de sensibilisation.

Malgré tout, tout n'est pas mauvais : "Le positif dans cette évolution des images c'est que l'info visuelle circule, on profite de cet âge de l'accès visuel qui est le nôtre. Tout peut-être vu et connu".

Parlant des Femens, il précise : "Ces femmes, en tout cas, n'ont pas froid aux yeux, ni ailleurs. Je pense que leur provocation est plus singulière vu leur statut de femme. Elles renversent les clichés machistes en agissant pour une cause à partir de la 'matière première' qui alimente tout machisme : l'instrumentation du corps féminin. Elles instrumentent leur corps mais à des fins politiques".

Quant à savoir s'il faut poser des limites, il répond : "Les limites sont toujours relatives à une époque, à un lieu à une culture. La provocation pour qu'elle marche a besoin de transgresser une frontière qui est celle de l'air du temps. Mais il faut rester proche de cette frontière pour que cela marche et que la provocation soit perçue. Si c'est trop transgressif, trop loin de la frontière, les gens refusent de voir. Ils rejettent cette provocation comme étant trop lointaine, étrangère à eux".

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G.R. et C.B.

Via: rtbf.be

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