Le président français François Hollande est attendu en juillet en Tunisie pour sa première visite officielle dans le pays. D’où l’appel à l’aide d’une vingtaine de personnalités françaises et tunisiennes exprimé dans une lettre ouverte, signée entre autres par la leader du mouvement Femen, Inna Shevchenko, ainsi que par la philosophe Elisabeth Badinter, publié dans Le Monde du mardi 18 juin.
« Nous ne demandons pas au président de renoncer à aller en Tunisie. Bien au contraire, il doit s’y rendre pour demander la libération de ces prisonniers politiques. Sans se laisser intimider par ceux qui crieront à l’ingérence ou convoqueront le passé. Au nom de ses dissidents sans voix, nous lui demandons d’interpeller son homologue, le président tunisien […] À François Hollande d’exiger à Tunis la libération d’Amina (18 ans), de Pauline (27 ans), de Josephine (19 ans) et de Marguerite (22 ans). Non pas parce que deux de ces prisonnières politiques sont des ressortissantes françaises, mais bien parce que les droits des femmes et le droit à la liberté d’expression sont des valeurs universelles, et que François Hollande avait promis d’en faire le cœur de sa diplomatie. Ce voyage sera pour nous un test : savoir si ces mots ont un sens. », peut-on lire dans cette lettre ouverte en faveur de la libération des quatre Femen emprisonnées en Tunisie.
La justice tunisienne sourde à la pression de la France
C’est la peine que les trois Femen européennes, deux Françaises et une Allemande, ont écopé mercredi à la suite de leur procès. Ces militantes féministes ont été arrêtées, le 29 mai, alors qu’elles manifestaient seins nus devant le palais de justice de Tunis, la capitale de la Tunisie, en soutien à Amina Tyler, la première Femen tunisienne. Elles ont écopé mercredi dernier d’une peine de quatre mois d’emprisonnement.
Quant à Amina Sboui, alias Amina Tyler, elle est emprisonnée depuis le 19 mai à Kairouan en attendant son procès. La première Femen tunisienne, qui a été condamnée jeudi 30 mai à 150 euros d’amende (environ) pour port illégal de bombe lacrymogène, risque en outre plusieurs années de prison pour « association de malfaiteurs » (passible de 6 à 18 ans de prison), « profanation de cimetière » (2 ans de prison) et « atteinte aux bonnes mœurs » (6 mois de prison). Selon le journal Assarih, « elle serait incarcérée dans une cellule avec 20 autres personnes ».
Et le gouvernement tunisien, issu du parti islamiste Ennahda, n’entend pas céder à la pression de la France. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et le Premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, ont appelé, début juin, la justice tunisienne à faire preuve de clémence en libérant les trois Femen européennes. Un appel qui n’a pas fait écho dans les oreilles des juges tunisiens.
Est-ce que la lettre ouverte publiée dans Le Monde et signée par des personnalités de France comme de Tunisie permettra la libération des quatre Femen détenues dans le pays ? Rien n’est moins sûr, d’autant plus que le président français François Hollande s’était lui-même promis de ne pas s’ingérer dans les affaires internes tunisiennes.
Via: afrik.com
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