Elle dit s'être enfuie par la fenêtre de son appartement, avec seulement son passeport et son téléphone portable en poche. "La police était en train de défoncer ma porte, j'ai eu quelques secondes pour réfléchir, j'ai décidé de quitter mon pays", raconte Inna Shevchenko.
Installée sur un canapé du théâtre parisien qui a décidé de l'accueillir, et de fournir un lieu à son organisation, cette activiste de Femen affiche sa détermination. "Je ne peux pas retourner dans mon pays. Parce que nous avons tronçonné une croix orthodoxe en soutien aux Pussy Riot. J'ai reçu de nombreuses menaces de mort et les services secrets nous ont suivi sans arrêt", jusqu'à ce matin de la semaine dernière, où il lui faut s'enfuir.
Dans la capitale française, c'est le "Lavoir Moderne Parisien" qui s'est porté volontaire pour recueillir la jeune femme de 22 ans. Hervé Breuil, co-fondateur de ce théâtre du XVIIIe arrondissement, estime qu'il s'agit d'une démarche "tout à fait naturelle, puisqu'il s'agit d'un lieu très engagé, dans de nombreuses causes." Les Femen France les ont mis en relation ; une soirée de soutien aux militantes ukrainiennes a eu lieu dans ces murs il y a quelques mois déjà.
La branche française de l'organisation a fait parler d'elle à Paris, au Trocadéro, mais aussi à Londres, pour les Jeux Olympiques. "Nous voulons les aider, parce que c'est un enjeu important, et qu'il faut internationaliser leur combat", poursuit Hervé Breuil. Combat. Le vocabulaire guerrier convient bien aux Femen, qui assument. "Ici, nous allons faire un camp d'entraînement féministe, avec des professeurs qui apprendront à leurs élèves à être de vraies soldats", reprend Inna Shevchenko. Même si elle souhaite rester discrète sur les projets les plus immédiats de l'organisation, "parce qu'il ne faut faire confiance à aucun gouvernement", l'activiste promet des actions d'éclat. Mais d'abord, "il faut se préparer psychologiquement et physiquement. Cela se passera ici, au Lavoir Moderne Parisien. Rien ne s'improvise, face à la police, face à ceux qui ne partagent pas nos idées. Il faut être fortes, émotionnellement, mais pas seulement."
Un avis que partage Eloïse Bouton, de Femen France. Elle est "flattée que ce soit la France qui ait été choisie pour faire un nouveau centre européen". Et elle fonde de grands espoirs sur le développement du mouvement à Paris. "Auparavant, beaucoup de femmes hésitaient à s'engager parce qu'elles ne savaient pas trop où elles mettaient les pieds. Mais là, avec un endroit et les Femen en vrai, cela va attirer du monde. J'ai déjà reçu beaucoup de demandes sur Facebook", affirme-t-elle. D'autres Ukrainiennes de Femen devraient rejoindre Inna Shevchenko dans les prochains jours. La prochaine fois qu'elles feront parler d'elles, ce sera toujours à Paris. Mais elles auront forcément les seins nus.
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