J’ai fait une journée de formation avec les Femen

10h30 : Arrivée sur les lieux

Au deuxième étage d’un Lavoir Moderne portant encore les stigmates d’un incendie subi courant juillet, les Femen ne nous ont pas attendu pour enchaîner, par dizaines (et en cadence), les séries de pompes et d’abdos. L’ambiance est déroutante. Sous nos yeux s’affaire une vingtaine de femmes (entre 20 et 30 ans) en mini shorts et débardeurs ; on pourrait se croire dans un clip de house du début des années 2000 (ou dans un entrainement des jeunesses poutiniennes, au choix) mais l’environnement rassure.

(photo Laurent-David Samama)

(photo Laurent-David Samama)

Sur les murs, des dizaines de pancartes affichent fièrement « Fuck your morals ! », « Free Amina ! », « Not to sell ! » : autant de slogans féministes répétés à tue-tête durant l’effort physique. Icône et leader du mouvement, Inna Shevchenko dirige l’entraînement avec rigueur. Sous sa direction (et en anglais), tout ce petit monde s’affaire, court, saute, se prend fermement par la taille et se bouscule. Et personne ne moufte.

11h : Au fond de la salle, un écriteau indique le planning (chargé) de la journée

Au programme : discussions, running dans Paris mais aussi débrief des dernières actions entreprises aux quatre coins du globe. L’ambiance est internationale. Parmi les jeunes femmes présentes ce mercredi, on trouve des Allemandes, des Belges, une Espagnole et un gros contingent français. Pour la direction des Femen, l’objectif est clair : montrer aux journalistes étrangers ayant fait le déplacement que le mouvement est global et qu’il étend son influence.

11h30 : Le groupe chausse ses baskets pour un footing de 30 minutes dans les rues du XVIIIe arrondissement de la capitale

L’allure est rapide. Les Femen forment un groupe compact suivi en Vélib par Jacob Khrist, photographe au look hipster qui accompagne Inna Shevchenko dans ses déplacements depuis désormais plusieurs mois. A l’intérieur du Lavoir Moderne, les journalistes les moins courageux attendent au chaud le retour du groupe en avalant un café serré. Question des journalistes présents : les critiques récurrentes bouleversent-elles la stratégie des Femen? L’activiste française Marguerite Stern, emprisonnée un temps en Tunisie, assure que non :

« Nous assumons toutes nos actions et ne sommes pas là pour obtenir l’approbation générale. Les Femen veulent créer le débat, poser les problèmes sur la table et faire surgir les divisions. »

femenabdos

(photo Laurent-David Samama)

 

13h30 : On profite de la pause déjeuner pour discuter avec plusieurs Femen

Si l’opinion a rapidement considéré les activistes comme désorganisées, on se rend compte, en rentrant au cœur de la machine, à quel point la communication du mouvement est bien rodée. Un exemple ? Quand une question devient dérangeante, plutôt que de se lancer dans une réponse hasardeuse, les interrogées disent « ne pas savoir » ou interrompent tout bonnement l’échange pour aller demander de l’aide à leurs camarades plus expérimentées. Le résultat ? Rien de personnel ne filtrera, media training oblige.

14h : Après une collation bien méritée, les Femen retournent au charbon

Au programme de l’après-midi : une formation « sextrémiste » dispensée par Inna Shevchenko et son accent d’espionne soviétique tout droit sortie d’un vieux James Bond.

Au fil des heures passées en leur compagnie, on parvient à distinguer une organisation pyramidale chez les Femen. La base du mouvement est formée par les activistes du monde entier parmi lesquelles des nouvelles recrues qui, selon Marguerite Stern, s’intègrent tous les mois à l’ensemble. Ces activistes font l’objet d’une formation classique. Elles ont le droit de s’exprimer en leur nom propre mais ne parlent jamais pour le groupe – une prérogative réservée au deuxième échelon de Femen, les plus expérimentées, celles qui ont déjà participé à plusieurs actions.

Tout en haut de la pyramide, on trouve Inna Shevchenko, charismatique leadeuse du mouvement. En la voyant former des femmes à peine plus âgées qu’elle, on en oublierait presque que la féministe new look est née en 1990.

15h : Dans une ambiance détendue, les Femen se réunissent autour de leur cheffe

Deux heures durant, il sera question de conseils théoriques et d’exercices appliqués relatifs à la préparation et la mise en œuvre d’une action. Selon que l’on se trouve place Taksim, en face d’Angela Merkel ou à Paris, le mode opératoire varie forcément mais quelques règles demeurent.

« Quand nous faisons une action : se tenir bien droite, toujours les jambes écartées et solidement ancrées au sol pour être stables. Tenir les pancartes bien en hauteur. Ne jamais sourire, ne jamais rire. Avoir l’air en colère ! »

« La police, la sécurité ou bien des gardes du corps peuvent nous arrêter. Rappelez-vous bien que c’est notre droit d’être là et de manifester. Nous devons impérativement rester le plus longtemps possible sur les lieux de l’action. Mais nous ne combattons pas la police : nous ne frappons pas les policiers, nous ne les mordons pas, nous ne leur crachons pas dessus ! »

15h30 : Début de l’exercice pratique

Plusieurs groupes se succèdent sous notre regard. A chaque fois, trois Femen jouent leur rôle habituel et trois autres se font passer pour des agents de police. L’affrontement est brutal et tourne quasiment à la partie de catch féminin. Toujours aussi motivées, les Femen promettent de continuer le combat « jusqu’à l’abolition totale du patriarcat ».

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Via: lesinrocks.com


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