Je salue le courage des Femen et leur combat en Ukraine contre des conditions de vie bien souvent rétrogrades et aliénantes pour les femmes. Marqué par les décennies de l’ancien régime, le pays peine encore à trouver le juste équilibre entre État et religion, la justesse de ton concernant les Droits des Femmes les plus élémentaires et la mesure pour cadrer les libertés publiques.

En revanche, je doute qu’il s’agisse d’une cause transposable à la France -pays où les lois sur la laïcité datent de plus de 100 ans et où notre Constitution, notre système juridique et social nous prémunissent de nombre d’abus. Nous avons la chance que d’autres avant nous aient engagé des luttes acharnées et aient obtenu des avancées majeures au nombre desquelles le droit de vote des femmes, l’indépendance financière au sein du couple ou le droit à l’IVG.

La mixité est absente du discours des Femen

Le féminisme n’est pas un phénomène de mode ni en France ni dans d’autres pays. En 2003, Ni Putes Ni Soumises a ouvert la voie à un nouveau féminisme, populaire et universel, incluant les femmes des quartiers, les femmes des pays arabes et africains qui souffrent tout particulièrement actuellement (et pour lesquelles  notre soutien et notre solidarité doivent être et infaillibles). Notre interprétation du féminisme s’engage aussi pour la réappropriation du corps des femmes par la lutte contre l’excision, contre les mariages forcés, les viols et l’oppression des obscurantismes.

Nos combats actuels se concentrent sur les comportements ou idéologies radicales: les extrémismes religieux et politiques, la violence banalisée, la misogynie primaire. Les Femen «sextremistes» revendiquées utilisent leur corps et leur sexe comme outils. La mixité est absente du discours des Femen, qui repose sur la misandrie (rejet des hommes), ce qui est en contradiction avec nos valeurs; quelle ouverture au débat lorsqu’elles se revendiquent «anti-religieux» ou quand elles refusent la moindre présence masculine? La transposition de la lutte des classes dans les rapports entre les femmes et le reste de la société -hommes, État ou autorités religieuses -ne peut que très difficilement aboutir à un dialogue constructif.

Nous favorisons les échanges et la pédagogie au quotidien, dans nos actions sur le terrain comme auprès des instances décisionnaires du pays, et sommes convaincus qu’un rejet massif et systématique ne peut, à terme, qu’être contre-productif. Les Femen gagneraient sans doute à rentrer dans une phase moins activiste et plus constructive quant à leurs objectifs à moyen et long terme.

Via: newsring.fr

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