Sur le vif
Il y a journalisme et journalisme
Il y a journalisme et journalisme.
La récente et large réélection à une majorité qualifiée du chef de gouvernement de Hongrie, Viktor Orban, a donné lieu à de très nombreux commentaires et nous avons nous aussi parlé à plusieurs reprises de sa politique ainsi que de l’histoire mouvementée de sa vie politique personnelle.ici
On se souvient qu’un certain député du parlement européen l’avait même traité de totalitaire et comparé à quelques dictateurs authentiques. Il s’agit bien sûr du gueulard Cohn-Bendit, qui a d’ailleurs aussi traité les Suisses de crétins après le vote du 9 février 2014 sur l’immigration de masse, ce qui devrait nous permettre de ne pas le ménager et pourquoi pas de le traiter également de crétin ; lui montrer qu’il n’est pas le seul à savoir insulter s’il le faut. Mais passons.
L’inénarrable Jacques Pilet dans sa chronique de l’Hebdo, du 10 avril 2014, nous dit d’un côté que l’homme fort V. Orban plaît et doit beaucoup de son image de caïd au fait qu’il ose défier l’UE. Oser cela pour Pilet, l’adorateur depuis des décennies de l’UE et qui moque et insulte régulièrement les Suisses parce qu’ils ne veulent pas sauter aveuglément dans cette UE, c’est évidemment insupportable.
Il n’y a pas que l’UDC qui ne veut pas de l’UE mais de larges couches de la population de pays de plus en plus nombreux et pour des raisons de plus en plus valables et fondées. Rien n’y fait, Pilet persévère. Il est certainement le journaliste qui a le moins changé d’idées depuis de nombreuses décennies, en étant toujours sûr d’être seul dans le vrai et en diabolisant tous ceux qui ne le suivent pas comme tous ces jeunes journalistes qui ont dû être au garde-à-vous quand ils voulaient travailler dans les publications qu’il a dirigé.
Pilet laisse une nouvelle fois libre cours à sa rage contre Orban et … bien sûr contre ces sacrés Suisses qui ne veulent pas le suivre. Comme si le dénigrement des Suisses suffisait à les faire changer d’avis. Et comme d’habitude il y va fort. Parfois il faut citer pour le croire : « Les Suisses du repli (NDR : un de ses clichés favoris depuis qu’il a pris la plume) et les Hongrois partagent deux illusions : croire possible une totale souveraineté et se poser en peuple supérieur ». Les Suisses, se croyant un peuple supérieur et à une totale souveraineté ! Il fallait bien 40 ans d’observation de notre pays pour arriver à ce profond constat. Après cela on s’étonne de la crise de la presse, de celle de gauche surtout, de sa « débandade », parole d’une journaliste pourtant de gauche et active à Libération: ici ! Il devrait lire cette dernière plutôt que de réaffirmer, satisfait et fier, ses soliloques à répétition qui pourraient être générés automatiquement par un logiciel auquel il suffirait d’indiquer le thème pour que sorte l’article qu’il écrirait tant le contenu en est prévisible.
Orban aurait mis les médias sous tutelle. Il oublie que dans les pays de l’Europe de l’Est bien des journalistes ayant déjà servi sous le communisme sont simplement devenus socialistes ou plus souvent « démocrates » et veulent toujours avoir le monopole de la parole.
La Hongrie serait isolée… au point qu’ Orban devrait aller serrer la main des dictateurs d’Asie…
L’économie ? Pilet doit concéder qu’elle « s’améliore un peu » grâce à qui ? Aux aides européennes !
A peine un mot sur le prédécesseur socialiste d’Orban qui a effrontément et délibérément menti à son peuple pendant des années pour finir par l’admettre ouvertement et publiquement.
Orban est bien sûr patriote comme beaucoup de Suisses. D’après Pilet les Suisses ont plutôt « une allergie aux étrangers » ; les Suisses qui ont dit OUI le 9 février sont sous la même emprise qu’Orban !
La totale, comme disent les jeunes aujourd’hui.
Pour qui nous prend-on ? Et les choses ne vont sûrement pas s’améliorer puisque Ringier vient de racheter le journal Le Temps dont on nous dit qu’il pourrait entrer en « synergie » avec l’Hebdo. Le mot synergie semble couvrir des réalités bien différentes.
Pour les déçus, pour ceux qui en ont assez d’être pris pour des imbéciles, condamnés à ne pouvoir consulter qu’un seul hebdomadaire en Suisse romande, ils ne doivent pas hésiter à aller voir ailleurs.
Justement à propos du même Orban et de sa nouvelle victoire éclatante, pour avoir une autre information, une vraie, regardons ce qu’en dit l’hebdomadaire français Valeurs Actuelles(VA), 24 avril 2014, dit de droite, ou tout simplement anti-politiquement correct et qui dit les réalités telles qu’elles sont plutôt que d’asséner des obsessions idéologiques. Rappel de quelques extraits de ce que cela donne.
Il est dit d’emblée qu’Orban est, en effet, le chef de gouvernement le plus détesté, en précisant toutefois que c’est parce qu’il refuse de suivre et d’obéir aveuglément à l’UE. Pas fréquent en effet. Alors que tout le monde critique l’UE, peu de responsables politiques osent agir autrement, voire à l’encontre de ces directives de l’UE. Cela ne pardonne pas.
Pilet est en bonne compagnie jusque-là car VA rappelle aussi l’image que les européistes veulent donner d’Orba : « dérive autoritaire » ; autocrate, populiste, liberticide, et pendant qu’on y est « néofasciste ».Rien que cela. Jean-Christophe Rufin, écrivain « progressiste », va jusqu’à le comparer à Hitler !
Personne ne rappelle qu’Orban s’était battu contre le communisme réel, pendant qu’il imposait sa dictature, et avant que cela ne soit sans risque.
Il continue à être courageux, volontaire, très déterminé, critique envers l’UE, en effet, et envers « la fainéantise intellectuelle qui consiste à imiter l’Europe occidentale », qui n’apporte plus de réponses aux problèmes ajoute-t-il.
V.Orban appartient à la minorité de leaders européens qui estiment que les nations sont la base de l’Union. Refus d’obéir aux « diktats » de Bruxelles et du FMI. Il impose un changement radical de politique économique : étatiste ou libéral en fonction « du seul intérêt de la Hongrie ». Rappel de quelques autres exemples de mesures « radicales » qu’il a prises :
-baisse des taux de la Banque centrale et plan de soutien massif aux PME
-vaste réforme fiscale : réduction de 5 % du nombre de fonctionnaires ; de la moitié du nombre des députés et des ministères ; interdiction des primes dans la fonction publique ; taux d’imposition unique de 15%
-Chômeurs : contraints d’effectuer des travaux d’intérêt public, … Le chômage décroit d’un tiers !
Résultat : un bilan économique à faire rougir … plus d’un donneur de leçons européiste.
En août 2013, le premier ministre V. Orban rembourse la totalité de la dette hongroise au FMI… avec plus d’un an d’avance !
Son succès électoral s’explique aussi par une autre « rupture », sociétale, par ses convictions conservatrices dont les piliers résumés par lui-même sont : « travail, foyer, famille, santé et ordre ». Le mariage c’est le mariage traditionnel.
-la nouvelle Constitution rappelle les « racines chrétiennes » de la Hongrie.
-la sécurité devient « un droit essentiel ».
La révolution est bien conservatrice mais plébiscitée… pour la deuxième fois par des élections générales.
D’où, bien sûr, le fait qu’une telle réussite fasse peur et que certains craignent la « contagion ». Mais à qui ce changement conservateur fait-il peur et qui s’en défend en parlant de « dérive autoritaire, voire fascisante » ? Ici l’UE aura sans doute plus de peine à en appeler au « cordon sanitaire »
Rappel : tous ces derniers éléments sont tirés, même s’ils sont réécrits et simplifiés pour faire court, de l’article de Valeurs Actuelles déjà cité.
In fine, le lecteur aura compris la nécessité de ne pas se contenter de lire l’Hebdo et ses chefs historiques, s’il veut être vraiment informé, ou réinformé.
Ce qui est dit du Président Viktor Orban : un révélateur du degré d’aveuglement ou, au contraire, de la soif de vérité, de ceux qui en parlent.
Uli Windisch, 28 avril 2014
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