Nina, l'une des deux victimes des tournantes, participait au défilé parisien / AFP
Quatre jours après le verdict controversé dans l'affaire des tournantes du Val-de-Marne, le collectif "Féministes en mouvements !" battait le pavé, lundi soir, à Paris, Strasbourg, Lyon, Clermont, Toulouse et Lille. Leur objectif : contester le verdict prononcé par la cour d'assises du Val-de-Marne la semaine dernière. Dix personnes avaient été acquittées et quatre condamnées à des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme. Nina, l'une des victimes, était présente dans le cortège parisien.
"Ça me touche"
Nina (29 ans) avait tenu à mener le cortège à Paris. Elle a défilé en sanglots, émue par les dizaines de personnes "Je savais qu'il y avait des gens qui me soutenaient, mais pas à ce point-là", a-t-elle confié à RTL. "Ça me touche, je le fais pour moi et toutes les autres personnes à qui ça arrive".
Les militantes féministes sont très remontées, à l'image de Suzie. "On va continuer longtemps à acquitter des violeurs parce que la victime ne sait pas à quelle heure on lui a prise la main gauche, à quelle heure ils lui ont enlevé le slip ?", s'interroge-t-elle.
Une petite délégation de manifestants pourrait être reçue au ministère de la justice lundi soir. Nina pourrait en faire partie. L'autre victime, Aurélie (28 ans), a de son côté refusé de participer au cortège et s'en expliquera mardi matin à 8h30 sur RTL.
Lundi matin, huit jeunes femmes du mouvement féministe Femen se sont également déshabillées et ont couru, seins nus, vers les grilles du ministère de la Justice, qu'elles n'ont pu franchir. "Castration pour un violeur", proclamait sur son corps une militante protestant contre le verdict de Créteil.
Un nouveau procès aura lieu
Un nouveau procès des "tournantes" de Fontenay-sous-Bois va de toutes façons se tenir en appel. Le ministère public a en effet fait appel, vendredi, des condamnations et de certains acquittements dans cette affaire de viols collectifs dénoncés six ans après les faits par les deux plaignantes.
L'appel, décidé conjointement par le parquet général et celui de Créteil, concerne les quatre personnes condamnées à des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme, ainsi que les acquittements prononcés par la cour, pour lesquels l'avocate générale avait demandé des condamnations.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, après trois semaines de débats à huis clos, la cour d'assises du Val-de-Marne avait reconnu des viols commis entre 1999 et 2001 dans les cités de Fontenay-sous-Bois sur Nina uniquement. Les quatre hommes poursuivis pour les mêmes faits sur Aurélie, 28 ans, avaient été acquittés. Au total, dix personnes avaient été acquittées et quatre condamnées à des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme.
Ce verdict a suscité le vif mécontentement des avocats de la défense et des parties civiles, qui ont vertement critiqué le travail de l'accusation, évoquant tour à tour une décision "sans cohérences", un "fiasco", voire "un naufrage judiciaire".
Jeudi, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, et la ministre de la Santé, Marisol Touraine, exprimaient "émotion" et "malaise" après cette décision, qui a provoqué l'ire de nombreuses femmes et féministes. Pour le mouvement Osez le féminisme (OLF), le verdict équivaut à "un permis de violer", tandis que Ni Putes Ni Soumises "félicitait le ministère public" pour son appel, jugeant que c'est "un message important envoyé à toutes les victimes".
Via: rtl.fr
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