Tunisie: le procès des Femen renvoyé au 12 juin

Le procès de trois militantes européennes de Femen ayant manifesté seins nus à Tunis a été renvoyé au mercredi au 12 juin et les accusées maintenues en détention, une décision vivement dénoncée par leurs avocats.

La suite du procès "est reportée au 12 juin, la demande de liberté conditionnelle pour les trois Femen a été refusée", a indiqué Me Souheib Bahri.

Le juge a renvoyé le procès afin de pouvoir trancher à cette date sur la demande de plusieurs associations islamistes qui veulent se constituer partie civile.

Me Patrick Klugman, venu de Paris pour représenter le mouvement et les familles des accusées, deux Françaises et une Allemande, n'a pas caché sa colère.

"Le tribunal, sans même donner la parole aux Femen, a donné raison sur toute la ligne aux associations salafistes qui ne sont même pas partie dans ce procès", a dénoncé Me Klugman.

"Nous étions venus depuis Paris pour observer ce procès. Ce procès n'a pas eu lieu, justice n'a pas été rendue puisqu'elles n'ont pas été libérées et n'ont même pas été entendues", a-t-il martelé.

Les deux Françaises, Pauline Hillier et Marguerite Stern, et l'Allemande Josephine Markmann sont entrées dans la salle d'audience vers 09H30 GMT, habillées du safsari, un voile traditionnel tunisien qui recouvre la femme de la tête aux pieds.

Quelques dizaines de personnes s'étaient rassemblées devant le palais de Justice de Tunis où elles sont jugées, pour exprimer leur colère contre Femen.

"Comment peux-tu défendre ces femmes-là? Tu n'es pas Tunisien, tu n'es pas musulman, tu n'as pas de femme, de fille", a lancé l'un d'eux à un conseil tunisien des militantes.

Me Klugman s'était pourtant dit optimiste, le parquet ayant décidé de fonder son accusation sur la notion de "débauche" et non sur l'atteinte aux bonnes moeurs. Le délit reste passible de six mois ferme.

"Leur corps n'est pas un objet d'exhibition pour séduire mais un message politique (...) qui est contraire à la débauche", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Si on raisonne juridiquement, en aucun cas le tribunal, en respectant la loi, ne peut les condamner", a-t-il ajouté.

Les militantes jugées avaient mené la première action seins nus de Femen dans le monde arabe le 29 mai en soutien à Amina Sbouï, une activiste tunisienne détenue depuis le 19 mai.

Celle-ci a été entendue mercredi par un juge d'instruction dans le cadre de poursuites pour atteinte aux bonnes moeurs et profanation de sépulture. Elle est arrivée menottée au tribunal de Kairouan (centre) en fin de matinée avant d'être reconduite en prison en début d'après-midi. Rien n'a filtré de l'audition en raison du secret de l'instruction.

Signe de la sensibilité du sujet dans ce pays conservateur dirigé par les islamistes d'Ennahda et confronté à l'essor de groupes salafistes, la Tunisie a arrêté dans son hôtel puis expulsé mardi une militante ukrainienne, Alexandra Shevchenko, venue soutenir ses consoeurs.

Le ministère de l'Intérieur a indiqué ensuite mercredi avoir expulsé une autre Ukrainienne et une Bélarusse, les accusant d'appartenir à Femen, ce que le mouvement a démenti.

"Cela montre combien le pouvoir a peur de Femen", a assuré Inna Shevchenko, figure de proue du mouvement.

L'hôtel Sultan de Hammamet (70 km au sud de Tunis) a vivement dénoncé sur sa page Facebook l'expulsion "sans raison" d'une de ses clientes.

"Cette cliente était venue passer ses vacances à Hammamet, c'est aberrant et inadmissible", a martelé l'hôtel.

Le ministère était injoignable pour s'expliquer sur cette éventuelle confusion.

Plusieurs activistes de Femen ont par contre effectué une prière musulmane dénudée devant l'ambassade de Tunisie à Paris.

Le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, Ennahda, n'a fait aucun commentaire sur l'offensive Femen bien qu'il en soit la cible première.

Ce parti se défend régulièrement de vouloir s'attaquer aux acquis des Tunisiennes, qui disposent du statut de la femme le plus libéral du monde arabe depuis les années 1950.

Via: lechorepublicain.fr


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